L’évangile de Marc commence par les paroles : « Commencement de l’évangile de Jésus-Christ ».
   Le mot « évangile » semble moins désigner le message de Jésus que sa personnalité comme Christ. En effet, l’écrit est composé d’une suite de récits visant à montrer que Jésus est le Christ par le caractère miraculeux de ses actes et de ses paroles.
   On pourrait dès lors penser, si nous nous rapportons à la théologie de la kénose de Paul, que Marc a privilégié comme point de départ de sa narration la naissance de Jésus : selon Paul, le Fils de Dieu n’est-il pas venu au monde en naissant d’une femme ? Cependant le premier récit de l’évangile concerne la prédication du Baptiste et le baptême de Jésus dans le Jourdain, et non sa naissance. Mais à l’issue de ce baptême, Dieu proclame par la voix de l’Esprit Jésus comme son fils. Si c’est ainsi, la naissance de Jésus-Christ ne coïncide pas, chez Marc, avec la naissance historique de Jésus. Celle-ci demeure en-deçà de son récit, comme un fait purement historique qui n’affecte pas la personnalité christique de Jésus, quoiqu’elle en soit le support.
   Le récit de Marc au sujet de la naissance de Jésus pose donc autant de questions que celui de Paul. L’un et l’autre, en plaçant cette naissance hors du kérygme de la foi, l’offrent plutôt à l’historien qu’au théologien.

   Puisque Marc ne se soucie pas de cette naissance et n’a cherché ni à l’interpréter ni à la soumettre à la censure théologique, il est possible qu’on trouve dans son récit des allusions ayant une valeur plus historique que théologique. On trouve en effet un récit dans lequel il laisse, pour ainsi dire, passer entre les lignes une affirmation des juifs au sujet de la naissance de Jésus.