ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De la naissance de Jésus-Christ
à la naissance de Jésus




L’évangile de Marc : le fils de Marie




Hypothèses exégétiques



Sommaire
Avertissement

Introduction

La naissance chez Paul

L’évangile de Marc
- Le fils de Marie
- Hypothèses exégétiques
- Luc : le fils de Joseph

Matthieu : naissance du roi des juifs

Luc : naissance du fils de Dieu

La naissance du héros

Jean : le samaritain

Marie

Joseph

Les noms de Jésus

L’évangile de Thomas

Témoignages des juifs

Jésus


. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Les exégètes, tout en connaissant le sens de l’expression, ont surtout recherché si, dans des circonstances déterminées ou exceptionnelles, elle a pu avoir un autre sens. Cette recherche est justifiée puisque, dans les mêmes évangiles, l’affirmation que Jésus était fils légitime de la lignée davidique est constante et sans équivoque. Des différentes hypothèses formulées par les exégètes, je retiendrai les trois qui me semblent les mieux fondées.

a) Les gens auraient appelé Jésus « fils de Marie », parce qu’il était fils d’une veuve, ou parce que son père était mort depuis longtemps. Ne connaissant pas son père, ils ne pouvaient le désigner, semble-t-il, que par référence à sa mère. C’est l’opinion des catholiques.
   Cette hypothèse cependant n’est pas soutenable : l’appellation d’un individu par référence à son père ne relevait pas de la situation de fait, mais de l’état-civil de la personne déterminant sa légitimité vis-à-vis de la société. Que le père soit vivant ou mort n’avait aucune importance, puisqu’on se référait à lui en tant que constituant un anneau dans la chaîne généalogique. De plus, cette hypothèse n’explique pas pourquoi dans Luc (Lc 3:23 ; 4:22) et dans le quatrième évangile (Jn 6:42), les gens connaissent Jésus comme étant le « fils de Joseph ».

b) Selon la deuxième hypothèse, il serait faux d’interpréter cette appellation comme un témoignage sur la généalogie de Jésus, car elle serait un produit de circonstance, relevant moins d’une intention généalogique que du simple besoin de désigner Jésus par les signes de reconnaissance de la pratique quotidienne. Jésus était fils de Marie comme il était frère de Jacques ou de Joseph, la nature juridique de cette double relation demeurant tout à fait hors de propos.
   Sans doute une telle hypothèse est-elle a priori soutenable, mais elle est fausse dans le contexte du récit. Car si « fils de Marie » n’ajoute rien à « charpentier », la stupeur et surtout le scandale des gens restent inexplicables. Pourquoi, du simple fait d’enseigner dans la synagogue, cet homme-là, le « fils de Marie », devient-il objet de scandale ? Serait-ce parce qu’il avait été le charpentier du village ? Mais bien d’autres grands personnages de l’histoire d’Israël, des rois et des prophètes, avaient aussi été de condition humble et populaire. L’énigme s’éclaire par contre si on lit le texte dans le sens que cet homme-là était « fils d’une femme », un bâtard.

c) Selon Guignebert, les différences entre les évangiles s’expliqueraient par leur mauvaise lecture de la source. Celle-ci s’exprimerait ainsi : « Jésus, fils de charpentier », au sens de « Jésus char­pentier », comme l’expression « fils de l’homme » qui signifie « homme ». Marc aurait interprété de façon exacte : Jésus est le charpentier. Matthieu, ne comprenant pas l’expression, l’aurait rapportée telle quelle. Luc, la comprenant encore moins que Matthieu, aurait remplacé « fils de charpentier » par « fils de Joseph ».
   Ce qui est étonnant dans cette interprétation, c’est qu’elle cherche à expliquer les différences non pas à partir des optiques théologiques des auteurs, mais de leur faute d’interprétation d’une expression… qui était pourtant du langage commun. Guignebert ne tient pas compte dans son interprétation de ce que Marc ne se contente pas de dire « le charpentier », mais qu’il affirme aussi « le fils de Marie ». Or c’est précisément cette expression qui pose problème.


   Que l’expression « fils de Marie » doive être interprétée dans son sens juridique apparaît sans aucun équivoque à l’examen du tableau synoptique des passages correspondants des autres évangiles, car au lieu de montrer un accord, ce tableau manifeste des différences substantielles, qui impliquent par surcroît une action de censure du texte de Marc.
 
 Mc 6:3

 N’est-il pas
 le
 charpentier,
 le fils de Marie,
 le frère de Jacques…
 Mt 13:55

 N’est-il pas
 le fils
 du charpentier ? 
 Lc 4:22

 N’est-il pas 
 le fils
 de Joseph ?

   La censure est aussi subtile qu’évidente et, j’ajouterai, efficace. « Le charpentier, le fils de Marie » chez Marc, devient chez Matthieu « le fils du charpentier » ; toute allusion, tout soupçon quant à la naissance illégitime de Jésus sont éliminés. Chez Luc, la censure se fait plus précise, conformément d’ailleurs au proto-évangile de la naissance : Jésus est le fils de Joseph. Luc confirme ainsi par la vox populi que Jésus était vraiment considéré comme fils de Joseph (Lc 3:23).



2011




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t722000 : 18/12/2017