ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe la naissance de Jésus-Christ
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Joseph |
Le père de Jésus |
Sommaire Avertissement Introduction La naissance chez Paul L’évangile de Marc Matthieu : naissance du roi des juifs Luc : naissance du fils de Dieu La naissance du héros Jean : le samaritain Marie Joseph - Le fils de Joseph - Le père de Jésus Les noms de Jésus L’évangile de Thomas Témoignages des juifs Jésus . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
Toutes les fois que nous avons cherché à connaître le père de Jésus, nous avons trouvé qu’il était refoulé dans le non-dit des récits, remplacé par le personnage de Joseph. Si, dans le quatrième évangile, des juifs avouent le connaître, il s’agit moins de son nom et de sa personne que de sa condition de père inconnu. Cette constatation ne suffit pas à nous arrêter dans sa recherche, car puisque celle-ci est basée sur des indices plus que sur des témoignages avérés, il est toujours possible de retrouver dans les textes des apories, des implications, des présupposés et des connotations dont l’analyse peut nous amener à sa découverte. Et si, malgré le silence auquel les auteurs se sont contraints à son égard, ils trahissaient en quelque sorte son nom ? Est-il possible de mener sur le père de Jésus la même recherche en filigranes que nous avons poursuivie sur sa mère ? Naturellement, il ne faut pas nous leurrer sur les chances de parvenir à des informations décisives, mais il sera toujours intéressant de parcourir le champ référentiel des récits, car celui-ci pourra au moins nous offrir des indices sur son individualité. Nous avons cherché à connaître la mère de Jésus à partir des femmes de son entourage. Nous avons ainsi abouti à formuler une hypothèse séduisante, à savoir que cette Marie qui, dans l’évangile de Marc, est appelée « mère de Jésus » est en réalité, si on suit le quatrième évangile, la sœur de sa mère. J’ai avancé cette hypothèse à la suite d’une série d’équations qui m’ont conduit à identifier Marie, mère de Jacques et de Joset que nous retrouvons au pied de la croix selon les synoptiques, à la fois à Marie, sœur de la mère de Jésus selon le quatrième évangile, et à Marie, mère de Jésus selon Mc 6.
En transposant les équations de ces femmes à leurs maris, on trouve que Marie, mère de Jacques le mineur est aussi femme d’Alphée, puisque Jacques le mineur est fils d’Alphée (Mc 2:14 ; Mt 10:3 ; Lc 6:15 ; Ac 1:13). On constate aussi que Marie, sœur de la mère de Jésus, est considérée comme femme de Clopas. Mais puisque Marie, mère de Jacques, a été identifiée à Marie, sœur de la mère de Jésus, la femme d’Alphée est la même personne que la femme de Clopas.
On peut cependant se demander si les deux noms sont du même genre. On constate en effet que, dans les évangiles comme dans l’histoire de la politique ou de l’art, certains hommes ont deux noms, dont l’un est propre alors que l’autre est un surnom, venant de leur ville, du caractère de leur œuvre, d’un événement de leur vie ou d’une autre source. Il faut ajouter aussi que, dans les milieux religieux, le nom propre est souvent remplacé par un nom d’élection. Le nom change aussi dans la littérature allégorique, toujours prête à personnaliser des faits, des situations, des concepts. En considérant que le nom de Clopas se trouve dans la quatrième évangile, dont le discours est allégorique, on peut supposer qu’il a été formé à partir de l’allégorisation d’un fait accompli par le mari de la sœur de la mère de Jésus, ou qu’il constituait un surnom, cela d’autant plus que je n’ai pas trouvé, dans l’histoire biblique ou profane, pas plus que dans la mythologie, d’exemple d’une personne appelée Clopas. Le nom est grec, tiré du verbe « klopeo », qui signifie « voler » ; « Clopas » signifierait alors « voleur », de la même façon que « klops » signifie « vol ». Il se trouve aussi que, dans le lexique grec, « klops » est uni à « pator » dans le mot « klopo-pator », qui désigne le père d’un bâtard dans la mesure où celui-ci serait fils d’un père « furtif ». L’auteur du quatrième évangile aurait-il alors mis auprès de la croix, à côté de la mère de Jésus, sa sœur Marie, femme de Clopas, pour y faire apparaître aussi le père naturel – furtif – de Jésus ? Dans ce cas, l’homme qui a fécondé la mère de Jésus serait le beau-frère de Marie, l’oncle maternel de son fils. Le quatrième évangile révèlerait donc le père de Jésus sous l’énigme de son allégorie. Il s’agirait d’une révélation destinée à accomplir l’exigence théologique du texte plutôt qu’à informer le lecteur : la situation de l’écriture voulait que l’autre protagoniste de la vie terrestre de Jésus, son père naturel, fut présent sur la scène de la croix avec sa mère, première protagoniste. Par cette lecture, le champ du non-dit du quatrième évangile correspondrait à l’arrière-plan de la généalogie de Matthieu, où le père naturel de Jésus transparaît derrière l’union incestueuse de Tamar. La mère de Jésus se serait-elle prostituée avec son beau-frère pour se faire justice par elle-même, après avoir été délaissée par l’homme auquel elle avait droit ? Rien n’est certain, mais la correspondance de ces deux champs référentiels nous donne des raisons de le soupçonner. |
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t782000 : 23/12/2017