ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisDe la naissance de Jésus-Christ
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Joseph |
Le fils de Joseph : |
Sommaire Avertissement Introduction La naissance chez Paul L’évangile de Marc Matthieu : naissance du roi des juifs Luc : naissance du fils de Dieu La naissance du héros Jean : le samaritain Marie Joseph - Le fils de Joseph . Les récits de la naissance . La généalogie de Matthieu . Les évangiles de Luc et Jean - Le père de Jésus Les noms de Jésus L’évangile de Thomas Témoignages des juifs Jésus . . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . . |
En dehors des évangiles de la naissance, le nom de Joseph n’apparaît dans les évangiles que quatre fois : deux chez Luc et deux chez Jean. Luc débute ainsi la généalogie de Jésus : « Jésus avait environ trente ans lorsqu’il commença son ministère, étant, comme on le croyait, fils de Joseph » (Lc 3:23). Chez le même évangéliste, la seconde allusion à Joseph est dans le récit de la visite de Jésus à Nazareth : les gens, « étonnés de la parole de grâce qui sortait de sa bouche, disaient : n’est-il pas le fils de Joseph ? » (Lc 4:22). Les deux passages sont liés, car ils tendent à accréditer que Joseph est le « père » de Jésus, comme Luc la affirmé dans les récits de la naissance (Lc 2:33 ; 48), père, bien entendu, non selon la génération mais selon la légitimité du mariage. Il est cependant opportun de se demander si l’affirmation de Luc selon laquelle les gens croyaient que Jésus était fils de Joseph est historique ou théologique. Le fait que, dans le texte parallèle de Marc sur la visite de Jésus à Nazareth, les gens ne disent pas que Jésus est fils de Joseph, mais « fils de Marie » oppose un démenti à l’affirmation de Luc. Dès lors, on doit penser que Luc s’est proposé de censurer le texte de Marc pour présenter Jésus comme un fils légitime. Mais, en le censurant, Luc est contredit par Marc. La génération virginale de Jésus n’ayant qu’une valeur théologique, les gens ne le connaissaient que comme bâtard. Dans le quatrième évangile Philippe, rencontrant Nathanaël, lui dit : « Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la Loi et dont les prophètes ont parlé : Jésus de Nazareth, fils de Joseph » (Jn 1:45). La seconde mention de Jésus, fils de Joseph, est en Jn 6:42 : choqués par les paroles de Jésus « je suis le pain de la vie », les juifs s’exclament : « N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? ». Nous avons déjà examiné ce second passage, concluant que l’expression « fils de Joseph » est une interpolation de rédacteurs canoniques, je n’étudierai donc que le premier. Il est étrange que Philippe présente Jésus à Nathanaël comme originaire « de Nazareth » et comme « fils de Joseph » ; en effet, hors des passages de Luc dont il a été fait mention, Jésus n’est désigné dans les évangiles que comme « nazaréen » (Mc 1:24 ; 10:47 ; 14:67 ; 16:6 ; Lc 4:34 ; 24:19), ou comme venant « de Nazareth » (Mt 21:11 ; Mc 1:9 ; Ac 10:37). On notera aussi que l’expression « fils de Joseph » est extérieure au dialogue entre ces personnages : ce dialogue trouve sa signification dans le fait que Jésus est de Nazareth, et non fils de Joseph. Nathanaël répond en effet à son interlocuteur : « Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon ? » (Jn 1:46). L’expression « fils de Joseph », qui précise la personne de Jésus, répond donc au souci du compilateur qui veut supprimer du texte tout soupçon sur l’origine bâtarde de Jésus. D’ailleurs l’expression « fils de Joseph » ne se trouve pas dans tous les manuscrits. On doit donc conclure que l’expression « fils de Joseph » a une fonction exclusivement théologique. Les évangélistes entendent donner à Jésus un père légal, dans le personnage de Joseph, pour l’inscrire dans la généalogie des fils de David, et donc d’Abraham. L’apparition du personnage de Joseph implique le refoulement du véritable père de Jésus, qui demeure dans le non-dit du récit. Dans la mesure où l’on distingue en Jésus la personne historique du personnage christique, on peut affirmer qu’il n’est fils de Joseph que dans sa personnalité christique ; comme personne historique, il est un fils illégitime, un bâtard. |
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t781300 : 23/12/2017