ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Prométhée et Jésus :
d’Eschyle aux évangiles


(esquisse d’une théologie du mythe)





Première partie : Dieu, le Sauveur et la mort

IV – Le feu




Sommaire

Introduction

Dieu, le Sauveur et la mort
- La colère de Dieu et le
  péché
- Dieu et le Sauveur
- Le Sauveur contre Dieu
- Le feu
  . Le feu de Zeus
  . Le feu de Yahvé
  . Le feu de Jésus
  . L’analogie entre le
    mythe et l’évangile
- Procès et condamnation
- Océan et Pierre
- Océanides et filles de
  Jérusalem
- Io et Marie
- La mort
- La rédemption
- L’eschatologie

Le mythe d’Io et l’évangile de Marie

Conclusion théologique



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Le feu de Jésus


   Lorsque Jésus apparaît dans le monde, même le peuple élu est tombé sous la colère de Yahvé. Celui-ci, retiré dans le désert, a abandonné son peuple à son péché et le maudit comme les autres nations. Les hommes que Jésus rassemble au long de ses pérégrinations, ceux auxquels s’adresse sa prédication, expriment le refus de l’alliance : ce sont des malades incurables, victimes de leur péché, des pauvres auxquels Dieu refuse la participation aux biens de la terre promise, des païens auxquels il ne veut pas se manifester. De cette humanité hors le loi, corrompue par le péché, appauvrie par l’abandon, rejetée parce que maudite, Jésus s’approche en lui offrant l’esprit et le feu du Seigneur, et il l’appelle à partager son royaume.

   Luc nous rapporte un logion où Jésus est considéré comme apportant le feu : « Je suis venu jeter un feu sur la terre, et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ? Il est un baptême dont je dois être baptisé et combien il me tarde qu’il soit accompli ! » (Lc 12:49).
   Ce n’est pas par hasard que Jésus affirme être venu pour apporter le feu. Jean-Baptiste, lui aussi, l’avait annoncé aux foules comme celui « qui baptisera dans le Saint Esprit et dans le feu » (Lc 3:16). Le baptême de Jésus est considéré par opposition à celui du prophète, qui s’opère dans l’eau. Personne ne connaissait Jésus, il vivait caché parmi les humains, comme un homme quelconque, esclave du travail. Le signe par lequel il doit être reconnu, c’est le feu donné par le Saint Esprit. L’eau dans laquelle Jean baptise est signe de la purification obtenue par la repentance, le feu dans lequel le Christ baptisera et sera lui-même baptisé est l’œuvre nouvelle de l’esprit de Dieu.
   Il apporte, lui aussi comme un voleur, son feu qui sauve. Cette image du voleur, dont Jésus use souvent pour se représenter, exprime tout d’abord la soudaineté avec laquelle le royaume des cieux s’approche des hommes au moment où ils ne s’y attendent pas. Mais elle indique aussi que Jésus ravit le trésor du royaume à l’autorité légitime, au peuple d’élection, sans en avoir l’autorisation.

   Aux yeux de l’autorité juive, Jésus n’est qu’un homme et il prétend exercer un pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu, celui de pardonner les péchés. Dans le pardon des péchés, il faut comprendre aussi tout le salut dont le peuple était dépositaire, la parole de Dieu et le sacrifice, le royaume et les promesses de bonheur.
   En effet, Jésus parle avec l’autorité d’un prophète, lui qui ne sort pas des écoles où l’on enseigne les Écritures ; il substitue la repentance, la foi et l’amour au sacrifice, il renie le pouvoir royal du peuple, il promet le bonheur aux pauvres et aux malades, aux maudits de la loi. En un mot, Jésus s’empare de l’esprit de Dieu et du feu, pour les donner à tous les hommes comme baptême d’une nouvelle naissance.
   La joie de l’homme – de l’homme pécheur et condamné – est grande, car les aveugles voient, les paralytiques marchent, les possédés sont libérés, les ignorants sont instruits, les morts ressuscitent. Jésus donne à l’homme déchu l’espoir de la résurrection, par laquelle les hommes reçoivent une immortalité qui se réalisera dans l’eschatologie.



c 1960




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t910430 : 23/01/2021