ÉVÉNEMENTS ET INTERPRÉTATIONS
Triomphe du sens sur les faits
Thibaud reconnaît d’ailleurs que dans la quatrième partie, «
à propos de la Pâque, on a eu un aperçu de la fabrication des Évangiles : les divers récits de la Passion ont pour origine commune un texte liturgique ».
Mais hélas, c’est pour aussitôt évacuer le reste du problème, car il présente comme évident que ce texte liturgique était un «
récit et commentaire de la mort de Jésus par le groupe de ceux qui la commémoraient » puis, faisant comme si le rapport de ce «
récit et commentaire » avec les faits n’avait aucune importance, et n’entraînait aucune conséquence, il ajoute : «
Le questionnement qu’appelle ce genre de productions n’est pas de savoir si elles ont l’exactitude d’un procès-verbal, mais de savoir si les sentiments qui sous-tendent le souvenir sont vrais et sans complaisance... Par obsession du vérifiable, la série est passée à côté des textes qu’elle voulait interroger ».
Pour lui, les «
sentiments vrais », riches de sens, s’opposent donc à la pauvre «
exactitude du procès-verbal ».
Thibaud rejoint ainsi les compositeurs des évangiles, pour lesquels la « vérité » avait semble-t-il bien peu de rapport avec le déroulement historique des faits, mais tout à voir avec les significations qu’ils voulaient leur attribuer.
Comme le remarquent P
oncet et P
otel quand ils présentent cette quatrième partie (dans
Libération, 28/3/97) «
c’est le triomphe du sens sur les faits » ; et j’ajouterai : du sens « vrai » sur les faits « vrais » (
voir).