ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


                              Auteurs Méthode Textes
  Plan Nouveautés Index Liens Aide



Michel Bruston

Corpus Christi







STRATÉGIES 
de  CORPUS  CHRISTI



Un événement culturel


Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi

- Introduction
- Limites des métho-
  des exégétiques
- Critique de l’anti-
  judaïsme chrétien
- Historique ?
- Archéologie de
  l'écriture

  . Une différence
    radicale...
  . Racisme-pro
  . Quelle différence ?
  . Influence hellénisti
    que
  . Archéologie de
    l'écriture
  . Contradictions
- De la modernité
- Le sens et les faits
- Conclusions


. . . . . . - o 0 o - . . . . . .

CULTURE  SÉMITIQUE,
OU  ARCHÉOLOGIE  DE  L’ÉCRITURE  ?

« Racisme-pro »
et « ethno-décentrisme »




    Dans d’autres contextes, j’appellerais ce discours du « racisme-pro » ; ici je parlerai d’« ethno-décentrisme ». Ce dernier se distingue de l’ethnocentrisme (le « racisme-anti ») en ce qu’il pose « l’autre » non pas comme un absolu négatif, mais comme un absolu positif : « Nous devons admettre le point de vue des rédacteurs des Évangiles ».

    L’ethnocentrisme et l’« ethno-décentrisme » sont tous deux basés sur une absolutisation de la « différence » : « Deux cultures antagonistes, deux façons radicalement autres de penser le monde... des armes de nature différente » (livret Christos, p. 42). Ils sont en quelque sorte symétriques l’un de l’autre et le discours glisse, hélas, très facilement d’une forme à l’autre.
    Ainsi, le livret Christos cite Hengel : « Il ne faut pas superposer notre pensée analytique sur les modes de pensée qui pouvaient être ceux de la Palestine au début de notre ère. On y pensait la multiplicité pour une même chose, on donnait plusieurs noms au même concept » (p. 28). Pourtant ce que Hengel dit dans cette cinquième partie est : « Il ne faut pas plaquer notre mode de pensée analytique sur la mentalité des juifs de Palestine. On y conservait une multitude de perspectives, d’approches différentes pour une même chose, on pouvait aussi lui donner plusieurs noms ». Le contenu du propos oral est tout à fait semblable à celui de la citation écrite ; leurs connotations, au contraire, sont très différentes. L’écrit donne dans l’admiration béate de l’ethno-décentrisme, l’oral frise le mépris de l’ethnocentrisme. Les deux parlent d’une différence non mesurable donc non mesurée, démesurée, inhumaine.

    De fait, l’impératif tel qu’il est formulé – « com­prendre » l’autre et « admettre » son point de vue – est irréalisable car contradictoire. L’autre reste forcément incompris car il est tellement « autre » qu’il en devient incompréhensible : « Nous devons chercher à com­prendre [leurs critères] sans vouloir à toute force les harmoniser avec notre système d’écriture et de pensée », mais, hélas, ils « écrivent selon des critères radicalement autres ».

    Malgré leur caractère « radicalement autre », les critères des évangélistes peuvent-ils être un peu pré­cisés ? Peut-on au moins dire comment les évangélistes eux-mêmes les comprenaient ?
    De fait, ceux qui qualifient de « différents » ces critères, cette culture, cet art et même ce « savoir », ne précisent pas en quoi ils sont différents, mais seulement pourquoi ils le sont : à cause de conceptions du temps radicalement autres, selon qu’on parle une « langue sémitique » ou une « langue indo-européenne ».

    Mais pourquoi les rédacteurs des livrets semblent-ils si sûrs que la conception « sémitique » du temps joue un rôle essentiel dans la structure même des évangiles ? dans ce que les évangélistes pouvaient considérer comme la « cohérence d’un texte » ? dans ce que d’autres – ou plutôt eux-mêmes, en l’occurrence – nomment « incohérence du texte », « contradictions », « mépris de l’Histoire » ?




Paris, le 21 juin 1997




Retour à l’accueil Une différence radicale Retour haut de page Quelle différence ?

tb013052 : 04/01/2018