CULTURE SÉMITIQUE,
OU ARCHÉOLOGIE DE L’ÉCRITURE ?
Archéologie de l’écriture
En présentant
Corpus Christi,
Mordillat et
Prieur ont dit :
« Le texte est miné de mots qui sont autant de bombes à retardement » (
Télérama, 19/3/97) et annoncé : «
L’acte fondamental est celui d’écrire. La force de cette histoire vient de ce qu’elle a été écrite. On ne peut pas faire comme si écrire était une activité légère, inconséquente ou hasardeuse. Nous avons procédé à une analyse politique de la puissance de l’écriture » (
L’Humanité, 25/3/97).
Cette analyse, ils l’ont faite, à propos de l’importance qu’ont prises dans l’Histoire les connotations antijuives dans l’évangile de
Jean.
En ce qui concerne la rédaction des évangiles, à la suite de leur travail sur
Antonin Arthaud, ils auraient sûrement pu décortiquer un processus encore actuel, faire là aussi un véritable «
travail d’archéologie sur l’écriture » selon la belle expression
d’Élisabeth Perrin (dans
TV Magazine - Le Figaro, 22/3/97). Car dans leurs interviews,
Mordillat et
Prieur ont présenté une approche prometteuse:
«
Ce projet est né pendant que nous préparions un documentaire sur Antonin Arthaud, sorte de modèle de constitution de l’Évangile. Les amis d’Arthaud témoignaient sur lui, avec des opinions contradictoires. Et pourtant se formait, de lui, une image qui n’avait rien à voir avec la réalité » (
L’Humanité, 25/3/97). «
La structure de ce document, où nous avons recueilli les mots de 25 personnes pour recréer un personnage absent, est une sorte de modèle de création d’évangile » (
La Croix, 22/3/97).
La fin du livret
Pâque semble montrer que cette analyse reste à faire... ou plutôt à écrire. Car en voix
off, on entend : «
L’incohérence apparente de leurs récits ne cache-t-elle pas en réalité un très grand travail d’écriture ? » (
Pâque).