ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







STRATÉGIES 
de  CORPUS  CHRISTI



Un événement culturel


Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi

- Introduction
- Limites des métho-
  des exégétiques
- Critique de l’anti-
  judaïsme chrétien
- Historique ?
- Archéologie de
  l'écriture

  . Une différence
    radicale...
  . Racisme-pro
  . Quelle différence ?
  . Influence hellénisti
    que
  . Archéologie de
    l'écriture
  . Contradictions
- De la modernité
- Le sens et les faits
- Conclusions


. . . . . . - o 0 o - . . . . . .

CULTURE  SÉMITIQUE,
OU  ARCHÉOLOGIE  DE  L’ÉCRITURE  ?

Comment ces contradictions subsistent-elles ?




    Par des distinctions d’apparence scientifique, jouant habilement de « notre » refus de tout ethnocentrisme (le « racisme-anti ») mais traversées d’un « ethno-décentrisme » – un « racisme-pro » – qui s’ignore, Grappe, Boismard et Hengel tentent de nier les caractéristiques essentielles du texte évangélique qu’eux-mêmes préfèrent nommer « incohérences du texte » et « contradictions », alors que ce sont en fait des incohérences de la narration (le texte trouve sa cohérence sémantique ailleurs).
    Ces « apories » comme les nomme Floris, ces « in­cohérences qui nous permettent de remonter le temps » d’après Mordillat et Prieur (d’accord en cela avec Floris), ces « effondrements du texte » selon Jean-Louis Schlegel – ce sont Grappe, Boismard et Hengel eux- mêmes qui croient (ou préfèrent croire) qu’ils ne peuvent être perçus que comme un « mépris de l’Histoire ».

    Dans l’introduction aux livrets, Mordillat et Prieur ont écrit : « Ce qu’il faut sans cesse rappeler, c’est que les Évangiles... poursuivent d’autres buts que de dire l’histoire ». (1)
    En allant dans le même sens que Grappe et Boismard, les rédacteurs de la fin du livret Pâque ont été amenés à contredire cette position : « Nous devons admettre le point de vue des rédacteurs des Évangiles qui, selon leurs critères, écrivent l’Histoire en fonction des objectifs qu’ils se sont fixés » (p. 48). Ainsi, ce livret circonscrit le problème à la manière des exégètes croyants : « Reste à analyser comment ont été résolues ou du moins surmontées » ces « divergences », ces aspects « apparemment contradictoires » du texte, ce que « nous » appelons à tort des « incohérences » (p. 48).

    La recherche spécifique de Mordillat et Prieur s’y ajoute cependant : « Surtout, reste à comprendre ce qui est sans doute le plus surprenant : comment ces contradictions subsistent définitivement, comment elles n’ont jamais été effacées du texte » (p 48-49). (2)

    Puis-je – non pour dévaloriser leur travail, au contraire – renvoyer à Gérard Mordillat et Jérôme Prieur leurs propres questions ? et ainsi les remercier – à ma manière – de tout ce qu’ils m’ont appris, comme je l’ai souvent fait pour Ennio Floris ? Il me semble que ces mêmes « comment ? » restent à analyser et à comprendre à propos du livret Pâque : comment surmontent-ils la divergence entre le point de vue de Grappe et Boismard, et celui qu’eux-mêmes ont exprimé dans La Croix et L’Humanité ? Comment cette contradiction subsiste-t-elle dans le même livret, entre l’introduction et les dernières pages, puis à l’intérieur de celles-ci ? Comment voient-ils son effet sur le lecteur, compte tenu de la puissance que le succès de Corpus Christi a pu donner à leur propre écriture ?

______________

(1) À Libération, Mordillat et Prieur racontent ainsi leur expérience : « Il y a deux idées contre lesquelles il nous fallait nous révolter. La première, c’est que le texte est clair, il ne l’est jamais. La seconde c’est que parce que c’est écrit, c’est la vérité, l’Histoire » (25/3/97).
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(2) Les réalisateurs emploient ces mots dans leurs interviews: « Ce qui est passionnant avec ces textes, c’est que les choses soient si contradictoires, si pleines de trous noirs, d’in­cohé­rences » (Sud-Ouest, 23/3/97). Mordillat déclare aussi : « Les contradictions du texte, c’est la chose la plus difficile à admettre pour un homme d’église », et Prieur : « Il nous fallait empêcher les spécialistes de sous-estimer les silences et les contradictions des textes reconnus par le canon » (Libération, 25/3/97).
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Paris, le 21 juin 1997




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tb013056 : 04/01/2018