Le récit de Matthieu :
La conception
«
Marie, sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant qu’elle eut mené une vie commune avec lui, elle se trouva enceinte par le Saint Esprit » (
Mt 1:18).
La mère de
Jésus s’appelait
Marie et son futur
Joseph.
Marie, épouse de
Joseph, vivait encore dans sa famille, en état de virginité selon loi et en attente du mariage, quand
elle s’aperçut qu’elle était enceinte. Le texte l’exprime avec exactitude par le verbe «
trouver » :
elle se trouva enceinte.
Elle n’avait donc pas cherché à l’être par des rapports sexuels ni avec
son futur époux ni, naturellement, avec d’autres hommes. Qui affirme que
Marie s’est trouvée enceinte ? Le texte, sans doute. Mais sur quoi se fonde-t-il pour l’affirmer ? On peut penser sur l’aveu de
Marie qui, s’étant trouvée enceinte, était la seule à le savoir. Mais un tel aveu l’aurait envoyée directement à la lapidation. Le texte d’ailleurs
la présente comme muette à cet égard. Comme aussi muette apparaît sa propre famille, où elle vivait. Quant à
Joseph, son époux, il l’ignore,
comme on le verra.
Il s’agit donc d’une affirmation du récit, dépendant directement du code de sa foi au
Christ des Écritures. Rappelons que, selon les évangiles, le
Christ doit ressusciter selon les Écritures (
Jn 20:9).
S’il doit ressusciter, il doit aussi avoir cette double naissance et mourir en sacrifice du péché des hommes. La conception virginale de
Marie dérive du code de la foi au
Christ. Elle a donc été placée par
Matthieu à la tête de son récit,
elle est la
vierge enceinte !
Le contenu de ce texte marque le sommet, pour ne pas dire le comble, d’une intuition théologique sur cette conception de
Marie. Elle marque aussi le retour de la femme à son état originel de la création. Lors du péché originel,
Dieu dit à
la femme : «
Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils, ta convoitise te poussera vers ton mari et lui dominera sur toi » (
Gn 3:16). Ici, au premier moment de l’œuvre de rédemption – la conception du
Christ –
la femme enceinte n’est pas blessée, ni tourmentée par la souffrance de l’enfantement ! Le porteur du sperme fécondateur n’est pas l’homme, mais
l’Esprit Saint de
Dieu. Dans son sein la gestation d’un enfant se jumelle avec l’incarnation du
Fils de
Dieu.
Je le répète, c’est le comble d’une pensée religieuse. L’homme a été condamné à la mort parce qu’il voulait être l’égal de
Dieu, et ici on trouve
Dieu qui veut devenir homme ! Mais, chose la plus inouïe,
il se fait homme en faisant l’homme
Dieu !