Sommaire
Parole de Dieu et recherche historique
Méthode d’approche référentielle
Discours religieux et analyse référentielle
- Introduction
- Croire
- Dieu
. Introduction
. Dieu et le mythe
. Conscience, inconscient
. Mythe et métaphysique
. Les preuves
- Manifestations de Dieu
- Les évangiles
Croire et penser
Esquisse d’un portrait de Jésus
Les évangiles, tombeau de Jésus
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Dieu et le mythe
Il convient de se rapporter à une situation de culture – donc de conscience – en faisant l’économie de toute argumentation rationnelle, de tout miracle, de toute illumination intérieure et même de tout langage articulé, car Dieu existe pour les hommes, indépendamment de la raison, du miracle, de l’illumination et du langage. Vico l’avait bien compris, et il s’est efforcé de se rapporter à une situation d’origine, « avant » la rationalité et la langue articulée.
Mais « avant » la rationalité, avant la langue articulée, avant tout expérience qui puisse se dire intérieure et surnaturelle par opposition à l’expérience du monde, bref avant l’histoire, il y a le mythe.
Si l’on se rapporte à ces origines – qui sont plutôt de la genèse de la pensée qu’historiques – la condition de pensée des hommes était la suivante : les hommes percevaient le monde, ils voyaient la lune, le soleil, la terre, tous les phénomènes de la nature. S’ils les voyaient, ils en avaient aussi une connaissance universelle, au moyen des paradigmes logiques. Ils savaient distinguer le soleil, la lune et les animaux selon leur distinction spécifique, mais ils ne se posaient pas la question de l’être, c’est-à-dire qu’ils ne se demandaient pas quelles étaient ces choses en elles-mêmes. Il n’y avait pas en eux de critère de distinction entre l’être et le phénomène, ils ne possédaient pas cette distance critique qui mène à juger à partir de l’être.
Le schéma de leur pensée était le renversement du schéma cartésien. Dans ce schéma, on parvient à connaître l’être par la pensée : « cogito ergo sum », là on pense parce que l’être est dans ce qu’il apparaît. Le soleil, la lune, les étoiles, la terre, etc. sont en eux-mêmes tels qu’ils apparaissent, leur être est leur individualité tel que la sensation les appréhende. Ils ne les saisissaient donc pas par intuition ou analyse, objectivement, mais par rapport à leur propre conscience d’existence, en se fondant sur l’impact que les phénomènes avaient sur eux : le soleil est la source de la chaleur, du feu et de la vie, son être n’est déterminé que par l’opposition de son efficacité à l’existence des hommes, être immense, avant et au-dessus des hommes, principe de vie et de mort, Dieu. Le même processus eut cours pour les autres forces de la nature : la foudre, les nuages, le ciel, les étoiles, etc. Dieu est un concret universel face aux concrets individuels que sont l’homme et les choses qui l’environnent et dont il se sert.
Il convient de préciser cette représentation de Dieu ou des dieux par les forces de la nature. Le spécifique du mythe consiste en ce que les forces de la nature ne sont pas considérées dans leur propre nature, mais en tant qu’acte déterminant la vie. En d’autres termes, elles sont attribuées aux dieux en tant que « vécues », senties comme productrices de joie et de douleur, de vie et de mort, bref d’être. Elles ne sont pas considérées objectivement, mais subjectivement, dans leur efficacité sur la conscience humaine. Mais si elles sont des actes créateurs de vie et de mort, les sources d’où elles dérivent ne sont pas des choses mais des êtres vivants, d’autant plus grands que l’homme est petit et périssable.
Dans ce processus, le critère qui guide l’homme est sa propre conscience, son « vécu de conscience », qui devient mesure de sa représentation de l’univers. Mais le vécu ne peut avoir d’autre fonction que d’assimilation, et il ne reconnaît d’autre différence que par le transfert de conscience. Les objets de la nature deviennent des dieux par le transfert de conscience, parce qu’ils sont sentis comme vivants, à l’image de l’homme.
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