ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La recherche historique de Jésus





Le discours religieux et l’analyse référentielle :
les manifestations de Dieu


Sommaire

Parole de Dieu et recherche historique

Méthode d’approche référentielle

Discours religieux et analyse référentielle
  - Introduction
  - Croire
  - Dieu
  - Manifestations de Dieu
    . Foi et miracle
    . La notion de miracle
    . Croire et savoir
    . Foi et conscience
    . La foi acte de langage
    . Genèse des signes
  - Les évangiles

Croire et penser

Esquisse d’un portrait de Jésus

Les évangiles, tombeau de Jésus




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Croire et savoir


   Selon la définition thomiste (1), la foi serait une espèce de savoir. Elle se distingue du savoir rationnel et scientifique par des modes différents d’argumentation car, alors que la science procède par une argumentation critique – par résolution du perçu aux premiers principes de l’évidence – la foi emploie une argumentation par négation, fondée sur la perception d’un étant qui échappe à toute résolution par évidence. Or ce mode d’argumen­tation est faux : croire n’est pas savoir. Croire est un jugement sans preuves rationnelles, aussi bien négatives que positives. Dès lors, pour définir la foi, il faut remonter au-delà du niveau spécifique du savoir ; en d’autres termes, il faut remonter aux conditions de possibilité de la connaissance.

   Le premier degré de la connaissance est constitué par la reconnaissance d’un perçu individuel par une raison universelle. Ceci (ce que je vois) est une rose : le mot « rose » renvoie à un paradigme ou à des paradigmes où les perçus sont distincts en raison de leur opposition dans la praxis de perception. Ces paradigmes sont des structures qui formalisent les perçus, en les déterminant chacun par opposition à l’autre.
   L’universel « rose » relève du statut d’un paradigme grammatical, comme les voyelles « a, e, i, o, u ». Quand on dit que le mot « rose » désigne l’essence des roses, il s’agit d’une extrapolation de langage. Le mot « rose » ne dit pas plus que ce que nous voyons, il donne seulement la possibilité de le distinguer des autres perceptions.

   Cette connaissance ne permet pas de savoir ce que le mot est en-deçà de la perception. Je vois le soleil (rond, petit mais grand par rapport aux étoiles, faisant chaque jour le tour de la terre, jaune, rouge, etc.), mais qu’est-ce que ce soleil ? Naturellement, en vertu de la première connaissance, je sais qu’il est le soleil et non la lune ou une étoile. Mais est-il tel que je le vois ? Qu’est-ce que sa lumière, sa chaleur ? On ne peut pas répondre à cette interrogation sans un regard critique, dans lequel le sujet se place comme critère de la valeur d’être de tous les perçus. La connaissance spontanée, fluide et homogène dans la « catalogation » des perçus, subit une « crisis » par le doute.
   La crisis marque le moment où l’homme prend ses distances vis-à-vis de la perception. Il doute qu’elle lui manifeste vraiment le monde du réel, mais ce doute suppose qu’il prenne conscience d’avoir en lui-même le critère de vérité. Il ne doit pas se fier aveuglément à la sensation, mais la mettre à l’épreuve. Moment décisif, mais ardu et long, aboutissement d’un processus d’intériorité et d’autonomie.
   Par ce doute, l’homme renverse son attitude de regard et ainsi d’être. Il veut exister dans la mesure où il pense. Il existe parce qu’il pense ; « Cogito ergo sum », c’est la pensée qui lui donne la certitude qu’il existe vraiment et que le monde existe.

   Cette attitude critique nous oblige à penser qu’avant le doute l’homme pense parce qu’il a conscience d’exister : Sum ergo cogito. Par abstraction, on peut supposer que, dans la situation originelle d’existence, l’attitude critique de l’homme était au niveau zéro. Il a la conscience d’être, dans la mesure où il se trouve devant un univers qui agit sur lui. La sensation est appréhendée comme l’action des choses. Il est moins actif que réactif. Certes, il pense, et il établit des relations entre les choses perçues, de même qu’il en constate le rapport de similitude, de dépendance, mais il ne transcende pas le niveau de la perception. À la question « qu’est-ce que je vois ? » il ne peut répondre qu’à partir de l’impact que l’objet perçu a sur lui : le soleil est ce qui chauffe, éclaire, donne vie, etc. Ne pouvant le saisir en lui-même, il ne peut le représenter que sur le modèle de sa propre vie, il se pose en mesure des choses. S’il vit par le soleil, le soleil a une vie d’autant plus grande que la sienne qu’il est principe de toute vie. L’homme connaît le grand univers à partir du petit univers qu’est son être.

   Formellement, l’homme pense par un processus de causalité, mais il emploie ce principe sans en comprendre la raison. En réalité il s’agit d’une représentation, sur le modèle de son propre être.

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(1) Voir    Retour au texte



c 1990




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