Sommaire
Parole de Dieu et recherche historique
Méthode d’approche référentielle
Discours religieux et analyse référentielle
- Introduction
- Croire
- Dieu
- Manifestations de Dieu
. Foi et miracle
. La notion de miracle
. Croire et savoir
. Foi et conscience
. La foi acte de langage
. Genèse des signes
- Les évangiles
Croire et penser
Esquisse d’un portrait de Jésus
Les évangiles, tombeau de Jésus
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Genèse des signes
Si le miracle n’est pas une preuve mais un signe, le problème se pose de sa légitimité et de son fondement. On ne peut le prendre comme signe que si on le croit par avance comme tel, en d’autres termes si on reconnait d’avance un système de significations qui le constitue comme tel. Mais où se fonde ce système, et quelle est sa fonction ?
Pour trouver ses origines, il faut remonter à une situation d’existence dans laquelle l’homme n’a pas encore l’exigence d’une connaissance objective des phénomènes. Il s’agit de l’homme aux origines de sa civilisation ou d’une civilisation donnée.
L’homme se trouve devant la nature comme devant un spectacle. Il perçoit les phénomènes, mais il ne se pose à leur sujet même pas la question de leur être, dans la mesure où il les perçoit comme des objets hors de lui-même, au-dessus de lui. Le soleil et les astres, la terre et ses phénomènes, la vie dans son déroulement, son propre être, se présentent à lui comme le support qui donne naissance à son propre être. La question critique ne se pose pas, parce que manque en lui le critère de toute critique. Le fait d’exister se pose avant la question sur la possibilité de son existence.
Cependant, il ne peut les connaître que du fait qu’ils sont avant lui et pour lui, leur étant propre lui restant inconnu. Il ne les connaît qu’à partir de sa propre conscience et par le moyen des phénomènes : lumière, chaleur, puissance, mouvement, violence, etc. C’est alors qu’il les saisit par le transfert de sa propre conscience, en les considérant comme des êtres vivants, à son image, supérieurs à lui selon la mesure de l’immensité de leurs phénomènes. Personnifiés, ils sont des dieux, comme sujets transcendants, principes de sa vie et de l’être. En effet, l’homme reçoit la vie d’eux : du soleil, de la terre, du ciel, de la mer, du feu et de la lumière, de la chaleur, etc. De même c’est par eux qu’il la perd, par la maladie, par les orages, le feu, etc.
Dans cette situation d’existence, il ne s’agit pas de phénomènes extraordinaires, car tout phénomène est extraordinaire dans la mesure où il dépasse la possibilité et la conscience de compréhension de l’homme. Le miracle est la nature elle-même, en raison de sa nécessité, de sa puissance et de son incompréhensibilité.
Les dieux une fois posés, tout phénomène de la nature qui n’entre pas dans l’efficience directe de la vie mais est visible et perceptible ne peut être conçu que comme « signe », envoyé par ces dieux afin de manifester à l’homme leurs vouloirs. Les mouvements des astres, les comètes, les tremblements de terre, les vents, les marées, les mouvements des oiseaux, sont des signes à travers lesquels les dieux parlent à l’homme.
D’où vient alors cet univers des signes ? Du fait que, dans l’homme, le fait de la vie et de la perception devient le fondement de sa pensée. On retrouve aux origines le renversement du schéma cartésien : l’homme n’a pas conscience de lui parce qu’il pense en prenant comme mesure de certitude la critique de la pensée, mais il pense parce qu’il existe. Ce qui apparaît à l’expérience est manifestation directe de l’existant, il est donc moyen, image, signe de l’existant. L’homme ne connaît pas par la raison mais par l’imagination et la représentation. Dans le schéma cartésien l’homme et les choses sont dans la mesure où les phénomènes répondent à des idées, des schémas, des catégories de pensée ; selon le schéma mythique, l’être est dans ce qu’il se donne à voir, dans ce qu’il agit : l’univers est une parole qui n’existe que par ce qu’elle dit.
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