Sommaire
Du fils naturel au fils de Dieu
Fils d’une adultère
- Fils de Dieu et de David
- Sans père et sans mère
- Fils adultère
. Traditions
. Un tel, bâtard
. Blanchir le tombeau
- Fils de Marie
- Conclusion
La famille de Jésus
Délire ou extase ?
La solitude de Jésus
Qui est ma mère ?
La Métanoïa
Le défi et la crise
La bonne nouvelle
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Le fils d’une adultère : les traditions chrétienne et rabbinique
L’épître aux Hébreux quoique récente par rapport aux épîtres pauliniennes, comme le démontre son caractère gnostique, visait à théoriser la naissance de Jésus telle qu’elle avait été rapportée par la tradition apostolique. Elle ignore la généalogie de Jésus car les généalogies furent rédigées par la suite, lorsque le souci eschatologique fut remplacé par une visée historique (1).
Or ce fut à la suite de l’apparition des généalogies que les juifs se firent entendre, d’une façon brutale et violente, puisqu’ils nièrent le bien-fondé de ces généalogies en affirmant que Jésus n’était qu’un bâtard. Il serait donc intéressant pour nous de connaître de façon précise les bases de leur conviction. Sans doute que, si nous approfondissons la polémique entre Jésus et les juifs telle qu’elle est rapportée par le quatrième évangile, nous serions à même d’aboutir à des informations précises, mais il convient avant tout de nous rapporter directement à cette tradition rabbinique.
Deux voies s’offrent à nous pour y parvenir : la tradition apostolique chrétienne et la tradition rabbinique qui a abouti à la constitution du Talmud. J’aurai l’occasion tout au long de cette étude de me référer à la première, quant au Talmud, il s’offre d’une façon toutes spéciale à notre attention, dans la mesure où il a été le lieu où la mémoire juive a été le mieux gardée.
Des questions se posent cependant quant à l’historicité et à l’objectivité de ses informations, car d’une part son recueil est postérieur à la rédaction du Nouveau Testament et s’étend jusqu’au X° siècle, et d’autre part il s’est formé dans la période plus grande extension du christianisme et sous le regard vigilant de sa censure.
En dépit de son écriture récente, on peut affirmer qu’il continue une tradition orale, qui remonte jusqu’au temps des écrits néotestamentaires et sans doute avant la déclaration de leur canonicité. Il est alors possible de retrouver des paroles de rabbins qui étaient très proches du contexte polémique des évangiles.
En ce qui concerne la censure ecclésiastique, la lecture du recueil montre que, souvent, elle a été mise en échec par des circonlocutions ou des expressions équivoques qui cachaient le sens des mots et la vraie intention des auteurs. C’est ainsi qu’on trouve des références à Jésus sous l’expression « un tel », ou plus fréquemment sous le nom métaphorique de « Balaham », ou dans des récits qui concernent « Ben Stada » ou « Ben Pandera ». Certes l’interprétation en est difficile et toujours sujette à caution, mais il est possible d’en tirer des renseignements précieux, surtout lorsqu’ils peuvent être mis en relation avec des situations refoulées du contexte évangélique.
Dans mon étude, je m’appuierai sur les analyses de Klausner, qui a consacré dans sa Vie de Jésus un chapitre aux sources rabbiniques. Je me limiterai aux textes les moins controversés et les plus anciens, dans le but de les pénétrer à la lumière de la démarche qui m’est propre.
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(1) Voir l’étude Le christianisme entre la préhistoire et l’histoire (Ennio Floris c 1975).  .
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