ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Jésus le charpentier





Du fils naturel au fils de Dieu :
Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?


Sommaire

Du fils naturel au fils de Dieu
Fils d’une adultère
La famille de Jésus
Délire ou extase ?
La solitude de Jésus
Qui est ma mère ?
- À Capharnaüm
- La source de Marc
- La question de Jésus
- La nouvelle famille
- La nouvelle réalité
- Le sens des mots
- La souffrance de Marie

La Métanoïa

Le défi et la crise

La bonne nouvelle




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Les nouveaux mère et frères


   En rompant avec sa famille, Jésus n’entendait pas rester sans mère et sans frères, mais seulement se rendre disponible pour celle et ceux qui lui étaient mère et frères dans sa nouvelle condition d’enfant de Dieu ; Mais qui étaient cette mère et ces frères ? Comment avaient-ils pu le devenir ?

   Il regarda autour de lui pour voir si cette autre mère et ces autres frères se trouvaient parmi ceux qui l’entouraient : souvent la réponse n’est pas donnée par le discours, mais par l’accomplissement des faits qui réalisent la chose. Il apparaissait bien que Jésus cherchait moins à connaître cette mère qu’à la voir : Matthieu affirme qu’il accompagnait le déplacement de son regard du geste de sa main, cependant que les gens le suivaient du regard, pleins d’anxiété et d’interrogations.
   Sans s’en apercevoir, tous furent amenés à porter leur attention sur eux-mêmes, sur le fait de se trouver réunis autour de lui dans la maison de Simon : qu’était pour eux cet être-là ? Ils faisaient « cercle » autour de Jésus. Sans doute étaient-ils venus parce qu’ils avaient besoin d’entendre une parole nouvelle ou d’être libérés d’une peine, mais ils avaient aussi abouti à une rencontre où Jésus était reçu, accueilli, entouré. Étrangers, ils lui étaient devenus proches, en même temps qu’ils le devenaient les uns des autres. Le cercle que Jésus avait tracé de sa main devenait le miroir de leur union.
   Il leur aurait été difficile de ne pas penser à la mère et aux frères de Jésus, qui attendaient « dehors ». C’était la famille, la maison de Jésus, mais qui lui était devenue soudainement étrangère, aussi ne pouvaient-ils pas ne pas penser – surtout les disciples – à leur maison, qu’ils avaient abandonnée avec leur mère et leur père, leurs sœurs et leurs frères. Pour eux aussi, la maison était devenue étrangère. Le fait de se trouver-là marquait donc une rupture, mais constituait aussi un événement. La maison de Simon devenait la maison de tous, ils devenaient maison et ils étaient des frères par-delà les liens du sang.

   Ainsi la réponse venait-elle d’abord de l’événe­ment qui précéda la parole. Jésus pouvait mainte­nant la dire, puisqu’elle avait été accomplie dans les faits : « Voici ma mère et voici mes frères » (Mc 3:34).
   C’est une affirmation qui ne dit pas ce que la chose est, mais la désigne. À proprement parler, elle n’est pas de l’ordre de la signification mais de la référence. Elle participe de la forme d’expression propre aux oracles qui accompagnent les signes prophétiques et aux formules sacramentelles : « Ceci est… ». S’il est vrai que la formule eucharistique n’est redevable qu’au « Christ » et donc à l’Église, on peut affirmer en revanche que celle-ci revient à Jésus.
   Quoiqu’on ne lui ait donné qu’une place secondaire et marginale dans les évangiles, il n’en reste pas moins qu’elle constitue l’action symboli­que – la seule peut-être – où Jésus a condensé le contenu prophétique de son message.




c 1976




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tk154000 : 20/06/2020