ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Jésus le charpentier





Du fils naturel au fils de Dieu :
Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ?


Sommaire

Du fils naturel au fils de Dieu
Fils d’une adultère
La famille de Jésus
Délire ou extase ?
La solitude de Jésus
Qui est ma mère ?
- À Capharnaüm
- La source de Marc
- La question de Jésus
- La nouvelle famille
- La nouvelle réalité
- Le sens des mots
- La souffrance de Marie

La Métanoïa

Le défi et la crise

La bonne nouvelle




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Une nouvelle réalité humaine


   Il reste à savoir pourquoi, en se réunissant autour de Jésus dans la maison de Simon, des hommes d’origines différentes devenaient des frères et des sœurs. Qu’il s’agisse d’une nouvelle réalité humaine et pas seulement d’un symbole était manifesté par le fait que leur rencontre visait à se substituer à la famille de Jésus ainsi qu’à la leur. C’est dans ce but que Jésus, reprenant son discours, affirme « Qui­conque fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur et ma mère ».

   La rédaction de Marc m’apparaît plus proche du document d’information que celle des deux autres synoptiques. Au mot « volonté », Matthieu fait suivre « de mon père qui est dans les cieux ». Sans doute met-il ces paroles dans la bouche d’un Jésus-Christ qui apparaissait déjà être le fils de Dieu au sens théologique du terme. Quant à Luc, il substitue l’expression « volonté de Dieu » par « parole de Dieu », se rapportant – semble-t-il – moins à Jésus qu’au temps de la prédication de l’Église. Quoi qu’il en soit, ces précisions théologiques, et surtout celle de Matthieu, nous aident à comprendre les paroles de Jésus dans le cadre de l’expérience religieuse qu’il avait subie dans le désert et auprès de Jean le Baptiste.

   Il convient de se rapporter à la notion de « Royaume de Dieu ». Jésus avait pris conscience de sa mission à la suite d’une nouvelle intuition de Dieu. Il s’agissait, certes, toujours du Dieu des Écritures, mais dont la volonté n’avait pas pour objectif la poursuite de la génération des hommes dans « ce temps-ci » d’histoire, mais leur résurrec­tion dans un temps nouveau. Le moment et le mode d’accomplissement de cette volonté divine demeu­rait toutefois en suspens. Nous retrouvons aussi cette situation d’attente dans la prière qu’il avait enseignée à ses disciples, où l’accomplissement de la volonté divine est demandé comme exhaus­sement : « Que ta volonté soit faite » (Mt 6:10).
   Le verbe employé par Matthieu est très approprié au sens que Jésus donnait à l’acte de la volonté divine. Moins qu’un pouvoir, elle était un processus de genèse (gignomai), qui aboutissait dans tout homme à la naissance du fils de Dieu, l’homme de la résurrection. Mais pour que cette volonté « devienne », il est nécessaire que l’homme en pose les conditions. L’expression « faire la volonté de Dieu » ne signifie pas que l’homme l’accomplisse, mais qu’il se dispose pour qu’elle s’accomplisse. Or, ce que l’homme doit faire, c’est se rendre proche des autres, dans une relation fraternelle. Certes, il ne pourra pas avoir la certitude que par ce fait il devient fils de Dieu, mais la relation fraternelle qu’il pose en constitue le signe. Au fur et à mesure que les hommes se rapprochent, le Royaume de Dieu aussi se rend « proche » d’eux. Il convient de penser que cette proximité parviendra à effacer toute distinction, que cette nouvelle relation fraternelle entre les hommes deviendra le berceau de l’homme nouveau, où il naît comme fils de Dieu.




c 1976




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tk155000 : 20/06/2020