ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



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La poésie d’amour entre Dante et Béatrice, selon la Vita nuova


Poèmes et récits dans la Vita nuova


Nicolle et Arnauld : La logique ou l’art de penser, 1664 



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a Vita nuova est un livre dans lequel Dante rapporte une grande partie des poèmes d’amour écrits dans sa jeunesse. Évidemment, il ne s’agit pas seulement de les transcrire mais de les commenter. Mais au lieu de les exposer tels qu’ils ont été écrits, il en modifie le sens. Nous en sommes troublés : il y a un décala­ge de sens entre les poèmes et l’interprétation que Dante en donne dans son commentaire, ce double sens nous empêche de continuer la lecture. Dante ne s’en aperçoit-il pas ? Non ! Au contraire, il cherche dans son commentaire à donner au poème un autre sens. Étonnant : on dirait que, s’agissant d’un texte de poésie d’amour, Dante le soumet à un maquil­la­ge !
    Les poèmes composés par Dante dans sa jeunesse ont pour objet l’amour, dont le sujet inspirateur est le Dieu-Amour. Ils suivent et développent la poésie d’amour née aussi bien en Provence qu’en Sicile, mais par le développement d’un style nouveau, que Dante lui-même appellera « Il dolce stil nuovo ». Ce qu’on chante dans ces poèmes c’est l’amour, en tant que sublimation dans la plénitude du plaisir de l’u­nion sexuelle. La poésie s’abstient souvent de nom­mer l’acte sexuel, mais elle le suppose comme mo­ment où l’homme et la femme parviennent à l’union accomplie de leur être, dans la plénitude et la subli­ma­tion de la beauté. La description poétique n’est pas soumise à une morale qui limite l’amour, le poè­te ne cherche que la pureté de l’amour, par opposi­tion au non-amour. Les poèmes sont érotiques, ils sont dictés par Éros, l’Amour !

    Le texte de la Vita nuova nous oblige à suivre un amour qui l’unit successivement à plusieurs femmes. L’amour n’est soumis qu’à la loi d’Amour.
    Il convient de noter que l’amour, mettant en rela­tion entre eux l’homme et la femme, est un acte per­sonnel, alors que tel qu’il a été décrit, il échappe à cette précision. La personnalité de l’un ou de l’autre demeure soumise au premier acte d’amour, alors qu’elle en est sujet. Cette constatation nous oblige à affirmer l’existence d’un autre amour, dont la fem­me et l’homme sont les sujets, aptes à le soumettre ainsi à leur arbitre. L’union de l’homme et de la fem­me en tant que personnes n’est pas néces­sai­re­ment conditionnée par la relation sexuelle.
    Pour en rester à Dante et Béatrice, leur relation comme événement d’existence précède l’union se­xu­el­le, et elle peut se passer d’elle. Dante et Béatrice sont liés par une relation existentielle dès la pre­miè­re rencontre, avant leur maturité. La relation exis­ten­tielle précède la relation sexuelle et peut se passer d’elle, peut-être parce qu’elle s’accomplit au niveau de leur personne, alors que l’autre exige celle de leur nature.

    Dans le récit de la Vita nuova, l’histoire de son amour commence par cette rencontre, comme un évé­nement existentiel. On comprendra ainsi le jeu entrepris par Dante sur ses premiers poèmes de jeu­nes­se. L’amour, annoncé par la première rencontre avec Béatrice, devient définitif dans la seconde, par son salut. La nécessité d’une union charnelle avec Béatrice ne se pose pas pour lui, car sa relation avec elle l’exclue. Dante a alors recours à d’autres fem­mes, par un « amour-écran », pour sauvegarder l’u­nion avec Béatrice. Il cache son amour avec Béatrice comme on ôte du doigt un anneau de grand prix, par crainte qu’il puisse être volé, le remplaçant par un autre sans aucune valeur. Cet exemple rend com­pré­hensible l’attitude de Dante, mieux que la réalité, dont la compréhension demeure difficile.

    Nous pouvons passer à la partie finale de la Vita Nuova. Heureux de pouvoir garder caché son amour pour Béatrice, Dante prend conscience qu’elle ne l’ai­me pas et qu’il n’est pour elle qu’un pauvre ty­pe ! Mais Dante l’aime tellement qu’il croit qu’elle s’est trompée et s’industrie pour la convaincre. L’a­mour lui fait prendre conscience que la femme est femme, et ne peut pas ne pas aimer celui qui l’aime !
    Mais Béatrice meurt et Dante la voit au ciel, là où elle ne pourra pas ignorer qu’elle est l’unique objet de son amour. D’où l’urgence de rechercher une fem­me dont l’amour puisse cacher celui qu’il éprou­ve pour Béatrice : une dernière « femme-écran », la troisième. Mais il ne la trouve pas. Il comprend alors qu’aucune femme ne voudrait s’engager dans une lutte contre une autre femme qui est au ciel. Il est dé­sormais inutile pour Dante d’abriter son amour dans sa relation avec une « femme-écran », car un amour qui est au ciel ne peut subir aucune ruse ni au­cune violence. Il est inutile de chercher à donner à Béatrice une preuve qu’il l’aime, il faut plutôt se ren­dre au ciel pour en obtenir la confirmation d’elle-même. Pour la rejoindre, Dante établit d’entrepren­dre le chemin qui le conduira au Paradis par la tra­versée de l’enfer et du purgatoire, le chemin de la Divine Comédie.




Rédigé de 2009 à 2012




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t503630 : 15/12/2020