ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
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Ennio Floris



Autobiographie








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La poésie d’amour entre Dante et Béatrice, selon la Vita nuova


Nouveau regard sur la Vita Nuova


P. Danet : Magnum dictionarium latinum et gallicum, MDXCI 



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PUIS LA FRANCE



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n étudiant la Vita nuova pour la deuxième fois, il se peut qu’elle ne se révèle pas tout à fait de la même façon qu’à la première. Dante aime Béatrice, mais il a des relations avec des « femmes-écran », cachant ainsi au monde son amour pour Béatrice. Cette af­fir­mation peut avoir plusieurs sens, mais l’un d’eux sem­ble s’imposer clairement : l’amour de Dante pour ses « femmes-écran », est sans doute sexuel, mais pas celui avec Béatrice.
    Il m’était difficile de comprendre comment Dante avait pu aimer Béatrice, alors qu’il la mettait à l’é­cart pour aimer d’autres femmes. Plus difficile enco­re était de croire que Béatrice l’aimait, car le com­portement de Dante aurait dû susciter en elle non de l’amour mais du mépris, et celui-ci a éclaté. En ef­fet, la dernière fois où le poète la rencontra, il était saisi d’amour pour elle au point de frémir et de trem­bler d’émotion. Or Béatrice, qui était là avec d’autres femmes, n’a pu s’empêcher de rire avec mé­pris. Dante, comme nous le savons, se déchaînera dans une défense acharnée de son amour. Mais Bé­a­trice ne reviendra jamais sur ce mépris jusqu’à sa mort, qui interviendra peu de temps après. La cro­yant désormais dans la gloire du ciel, Dante a pensé qu’elle avait bien compris qu’il l’aimait, et donc qu’elle l’aimait... Optimiste par nécessité ?

    Mais la nouvelle lecture de la Vita nuova m’a ame­né à une autre hypothèse. Dante aimait Béatrice et d’autres femmes, mais pas du même amour : les fem­mes, évidemment, sexuellement, et Béatrice par un amour asexuel. Il convient donc de parvenir à le trouver et à le définir. Je me suis porté au com­men­ce­ment du texte de la Vita nuova, lorsque Dante nous parle de ses deux premières rencontres avec Bé­atrice.
    L’un et l’autre étaient dans leur neuvième année. La première fois ils se rencontrent sans aucun échan­ge, sinon par le regard. Dans la deuxième, Béatrice adresse son salut à Dante, qui y trouve son bonheur.
    S’agit-il du premier moment du surgissement de leur amour ? Non, mais de la prise de conscience par chacun de sa personnalité, de l’un comme homme, de l’autre comme femme. Mais notons que c’est d’a­bord la femme qui salue l’homme. Ce n’est donc pas le moment de leur amour mais de leur connaissance comme individus, mais l’un ne se connait que par op­position à l’autre. Ce qui permet de comprendre que, à partir de cette reconnaissance, on pouvait par­venir de leur opposition à leur union par l’amour. L’union sexuelle ! Prise de conscience qui définit l’in­dividualité de chacun, et donc son caractère, sa forme d’agir, de penser, d’intelligence, bref disons de l’entité de leur propre individualité. L’individu se découvre et se distingue en face de l’autre. Chacun se définit dans son être individuel, sans que pour au­tant la sexualité entre en fonction.
    Or cette prise de conscience est restée dans leur mémoire. Dante s’est connu garçon par Béatrice, et elle fille par lui, avant le lien par la relation sexuelle, par leur personnalité et leur individualité. J’estime que Dante et Béatrice, dans leur première rencontre, ont eu conscience de leur individualité par l’acte par lequel Béatrice avait salué Dante, au point qu’il de­meu­rait envoûté par ce salut, non pas par une rela­tion sexuelle mais par la prise de conscience de leur propre individualité.

    En comprenant ainsi la relation entre Dante et Bé­atrice, les problèmes posés au commencement tom­bent. Sans marquer publiquement la relation d’a­mour avec elle, Dante manifeste qu’il l’aime comme « prima donna ». Aussi Béatrice n’exige pas d’être aimée sexuellement, puisqu’elle est aimée au-dessus de tout accomplissement sexuel. Mais dans la Vita nuo­va, alors qu’il y fait allusion en poésie, il évite d’en parler en prose, parce que les deux amours sont en pratique confondus.
    Peut-on trouver des preuves de cette interpré­ta­tion ? J’en suis sûr. Je me rapporterai à deux compo­si­tions poétiques de la Vita nuova concernant la chan­son « Donne qu’avete l’intelletto d’amore », et le sonnet « Tanto gentile e tanto onesta pare, la don­na mia… » Dans le premier on trouve l’appel de Dante à toutes les gentilles femmes pour reconnaître Béatrice comme étant, par excellence, le prototype de toutes les femmes courtoises. Ensuite, son image dans un sonnet, comme dans un portait : Béatrice personnification de toutes les femmes gentilles.




Rédigé de 2009 à 2012




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t503650 : 16/12/2020