Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
- Introduction
- Quête du Christ
. Dialogue Église-monde
- Catholicisme
. Approfondissement
. Renouveau
. Église-monde
. Dialogue interne
- Piétisme
- Orthodoxie protestante
. Le monde, lieu de souveraineté de Dieu
- Dialoguer aujourd’hui
- Parole et image
Itinérance : une quête du sens
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Le dialogue Église-monde dans les théologies classiques : le catholicisme
Renouveau de l’Église
Les paragraphes 43 à 59 (1) abordent le renouveau de l’Église.
« La perfection de l’Église est le but de ce renouveau. Par lui, l’Église doit tendre vers la perfection morale et la sainteté afin que, dans le dialogue avec le monde, la perfection lui soit proposée comme modèle de vie et source de salut. La présence de l’Église au monde appelle donc celle-ci à se purifier pour rejoindre, purifier, ennoblir, animer, sanctifier, les manières de penser et d’agir du monde » (2). « Devenir des saints », telle est donc l’intention du dialogue de l’Église avec le monde (3).
Quelle est la signification d’une « réforme » de l’Église ? (4) Toute véritable réforme semble bloquée dès le départ par Paul VI. En effet, il ne pourra jamais être question de réformer « l’idée à se faire de l’essence de l’Église catholique ni ses structures fondamentales », aussi le monde ne pourra jamais mettre en question, dans son dialogue avec l’Église, la réalité essentielle et structurelle de celle-ci. L’Église est la réalité primordiale et ne pourra pas « passer » en tant que telle, car elle n’est pas provisoire.
Néanmoins, cette prétention est-elle pure ? Ne correspond-elle pas à l’aliénation de « l’Église juive » des « pharisiens » (les « séparés ») face à celui (le Christ) qui, en son sein, la mettait précisément en question comme institution essentielle et structurelle qui cherchait à se garder « pure » par rapport au monde ? Cette réforme-là est-elle abusive, comme l’indique Paul VI (5) ? La prétention à l’irréformabilité de l’Église dans sa réalité même n’est-elle pas plutôt l’abus fondamental ? Sans doute le pape se défend-il de l’orgueil (6), mais est-il suffisant de se l’affirmer sans vouloir entendre précisément la mise en question à ce niveau, non seulement du monde mais aussi des autres Églises ? « C’est l’Église telle qu’elle est qu’il nous faut servir et aimer », déclare Paul VI (7), affirmant ainsi un « non possumus » radical quant à une réforme de l’Église dans son être, c’est-à-dire « romaine » et unique détentrice du « dépôt » de la vérité (8).
La « réforme » de l’Église devra permettre une meilleure observation des « normes de l’Église par le moyen d’une simplification de tel ou tel précepte » (9). L’ aggiornamento, en effet, n’est qu’une mise à jour dans l’intention de « refaire le visage de l’Église » pas trop rebutant pour les hommes. L’Église dira donc la même chose, mais autrement. Citant une parole de Jésus, Paul VI décrit cette attitude comme la « voie étroite » (10). Nous demandons : cette citation n’est-elle pas abusive ? Était-ce le sens de la parole évangélique de Matthieu 7:13 ?
Quelles seront les caractéristiques de l’esprit de dialogue ? (11). Essentiellement l’esprit de pauvreté et de charité. Néanmoins, Paul VI n’explicite pas les relations entre cette pauvreté et cette charité et le développement économique mondial.
Est-il suffisant de déclarer « la libération intérieure produite par l’esprit de la pauvreté évangélique rend plus sensible et plus capable de comprendre les phénomènes humains liés aux facteurs économiques » (12), en particulier aussi longtemps que l’Église romaine demeure un État (la cité du Vatican) et une puissance économique et financière au niveau international ? Dans quelle mesure cette confusion met-elle en suspicion la crédibilité des caractéristiques de l’esprit de dialogue de l’Église romaine avec le « monde » ? Ces « vertus évangéliques », appliquées aux problèmes économiques mondiaux contemporains, ne deviendront-elles pas un langage sans portée, inefficace, à moins qu’elles ne soient reçues comme la superstructure idéologique d’un pouvoir qui ne veut pas dire son nom ?
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(1) Ecclesiam suam – L’Église aujourd’hui, pp.72-87. 
(2) Ibid. §44. 
(3) Ibid. §45. 
(4) Ibid. §§47-53. 
(5) Ibid. §48. 
(6) Ibid. §42. 
(7) Ibid. §49. 
(8) Ibid. §49. 
(9) Ibid. §53. 
(10) Ibid. §53. 
(11) Ibid. §§54-58. 
(12) Ibid. §57. 
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