ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Église en dialogue avec le monde :
une quête du Christ dans le monde


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde
- Introduction
- Quête du Christ
  . Dialogue Église-monde
    - Catholicisme
      . Approfondissement
      . Renouveau
      . Église-monde
      . Dialogue interne
    - Piétisme
    - Orthodoxie protestante
  . Le monde, lieu de
    souveraineté de Dieu
- Dialoguer aujourd’hui
- Parole et image

Itinérance : une quête du sens

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Le dialogue Église-monde dans les théologies classiques :
le catholicisme


Dialogue de l’Église avec le monde


   Paragraphes 60 à 116 de l’encyclique Ecclesiam suam (1).

   Paragraphes 60 à 79 : Église et monde. La purification de l’Église est destinée à faciliter le dialogue avec le monde. Ici apparaît la difficulté. En effet, ce « regard de l’Église sur elle-même », sans autre critère que sa propre « loi », ne parviendra qu’à distinguer toujours davantage l’Église du monde, l’aliénant plus profondément de l’humanité dans laquelle le Christ est agissant. À propos du « monde », Paul VI ne présente que « l’humanité opposée à la lumière de la foi et au don de la grâce » (2) ; il ignore le monde comme lieu où s’exercent la souveraineté et l’action du Christ. Le pape ne considère la relation de l’Église et du monde que dans la perspective de la théologie traditionnelle, commune à toutes les orthodoxies des Églises. L’Église est alors vis-à-vis du monde dans la relation du médecin avec ses malades (3), et l’Église aura pour mission de guérir le monde du mal, la source de la vie et de la guérison se situant exclusivement dans l’Église. « Il surgit (dans l’Église) une singulière plénitude et un besoin d’expansion, avec la claire conscience d’une mission qui la dépasse et d’une nouvelle à répandre » (4).
   S’agit-il encore de véritablement dialoguer avec le monde ?

   Que sera alors le dialogue de l’Église avec le monde ? (paragraphes 69 à 116).
   L’Église cherchera donc à mieux approcher le monde « pour le convertir » (5). Néanmoins, le pape soulève la difficulté, puisqu’il déclare que l’amour est l’âme et le contenu du dialogue (6). Comment concilier, en effet, le souci de convertir le monde aux structures de l’Église catholique romaine avec une attitude de désintéressement fondée sur l’amour (7) ? Dans cette « formidable demande d’amour » (8) ne dessine-t-il pas, en définitive, le risque d’un amour finement intéressé ? L’amour qui déclare à l’autre « Aime-moi », et qui lui demande tout le sacrifice ? Bien que Paul VI déclare : « Si notre mission est annonce de vérités incontestables et d’un salut nécessaire, elle ne se présentera pas armée de coercition extérieure » (9), il est permis de se demander si, dans ce contexte, les « voies légitimes de l’éducation humaine, de la persuasion intérieure » (10) ne risquent pas d’apparaître comme des forces de coercition intérieure ?
   L’esprit du dialogue (11) en souffrira néces­sairement, s’apparentant à une certaine forme d’action psychologique, puisque, pour éviter l’af­fronte­ment entre la thèse catholique et l’antithèse mondaine, la souplesse sera une nécessité tactique. « Il faut se faire les frères des hommes du fait même qu’on veut être leurs pasteurs, leurs pères et leurs maîtres. Le climat du dialogue, c’est l’amitié » (12). Néanmoins, le schéma du dialogue n’autorise qu’une possibilité : l’antithèse doit devenir la thèse, quitte à ce que la thèse elle-même subisse superficiellement la « coloration » de l’antithèse, ce que signifie, précisément, l’aggiornamento (13).
   Dans ces conditions, le monde pourra entrer en dialogue avec l’Église, « centre » du monde. Paul VI explicite, maintenant, sa théorie des « cercles concentriques ». Il y a d’abord le grand cercle du monde (14). Après avoir présenté « l’âme naturellement chrétienne » demeurant en l’homme (15), le pape s’attaque à l’athéisme militant (16), « phénomène le plus grave de notre époque » (17), qui est radicalement exclu du dialogue ! « C’est pourquoi, nous résisterons de toutes nos forces à cette négation envahissante, dans l’intérêt suprême de la vérité » (18). À ce niveau, aucun dialogue n’est possible. « Nous résisterons avec cet espoir invincible : l’homme moderne saura encore découvrir dans la conception religieuse à lui offerte par le catholicisme sa propre vocation à une civilisation qui ne meurt pas » (19). Le « com­munisme athée » est irrémédiablement condamné, il demeure « hors dialogue ». Le « pasteur » se fait « agneau gémissant » : « Notre plainte est, en réalité, plutôt gémissement de victimes que sentence de juges » (20). Il conclut : « C’est pour cette raison que le dialogue fait place au silence » (21).
   Tous les athées ne sont pas communistes ; avec ceux-là, l’Église devra chercher à « comprendre » les raisons de leur athéisme « imprégnées d’anxiété, colorées de passion et d’utopie », de générosité aussi (22). Comprendre, non pour se laisser mettre en question à travers les interrogations, les anxiétés ou les utopies du monde, mais pour mieux conduire vers la vérité purifiée de l’Église. « Ne serons-nous pas un jour capables de reconduire à leurs vraies sources, qui sont chrétiennes, ces expressions de valeurs morales ? » (23).
   Enfin, plus proche du « centre » est situé le cercle des religions et celui des « frères séparés » (24). Le dialogue œcuménique, empreint du même esprit de souplesse compréhensive, reste néanmoins néces­saire et impos­sible. Le comportement de l’Église sera empreint de l’esprit de charité ; toutefois la « primauté romaine » demeurera une affirmation ferme et intangible (25). « Nous devons dire qu’il n’est pas en notre pouvoir de transiger sur l’intégrité de la foi et sur les exigences de la charité » (26).

______________

(1) Ecclesiam suam – L’Église aujourd’hui, pp.90-120.   Retour au texte

(2) Ibid. §61.   Retour au texte

(3) Ibid. §65.   Retour au texte

(4) Ibid. §66.   Retour au texte

(5) Ibid. §70.   Retour au texte

(6) Ibid. §§72-78.   Retour au texte

(7) Ibid. §75.   Retour au texte

(8) Ibid. §77.   Retour au texte

(9) Ibid. §77.   Retour au texte

(10) Ibid. §77.   Retour au texte

(11) Ibid. §§80-93.   Retour au texte

(12) Ibid. §90.   Retour au texte

(13) Ibid. §§89-90.   Retour au texte

(14) Ibid. §§101-110.   Retour au texte

(15) Ibid. §101.   Retour au texte

(16) Ibid. §§102-107.   Retour au texte

(17) Ibid. §104.   Retour au texte

(18) Ibid. §104.   Retour au texte

(19) Ibid. §104.   Retour au texte

(20) Ibid. §105.   Retour au texte

(21) Ibid. §107.   Retour au texte

(22) Ibid. §108.   Retour au texte

(23) Ibid. §108.   Retour au texte

(24) Ibid. §§111-116.   Retour au texte

(25) Ibid. §114.   Retour au texte

(26) Ibid. §113.   Retour au texte




juin 1971




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