Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
- Dieu contesté par Job
. Introduction
. Le "Pourquoi ?" de Job
. Le Dieu des "amis"
. Job et la "mort de Dieu"
- Seule la douleur
- Quel Dieu ?
- Job, croyant areligieux
- Le Goël vivant
- Dieu est mort
. Dieu... au-delà de Dieu
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Job et la « mort de Dieu » : quel Dieu Job cherche-t-il donc ?
L’homme ne peut pas avoir raison contre ce Dieu tout-puissant, créateur qui décide de tout et transforme toutes choses par son pouvoir (Jb 9:2). Il est incapable de contester ce potentat qui a tout envahi ( Jb 9:3-13) ; devant lui, l’homme ne peut être qu’un coupable, quand bien même aurait-il raison (Jb 9:15-20) !
Même si Job venait à en douter (Jb 9:21), le fait, défiant les certitudes et les dogmes les mieux établis, est un fait irrécusable, comme un roc sans fissure : il est innocent, et son innocence résiste à la toute-puissance de Dieu. Dès lors, pour exister lui-même, l’homme doit tuer ce Dieu omnipotent, devenu la justification de toute injustice sur la terre. « Dans un pays livré au pouvoir d’un méchant, il met un voile sur les yeux des juges. Si ce n’est pas lui, qui donc alors ? » (Jb 9:23-24). Il est un Dieu impassible qui se moque de la détresse (Jb 9:23), se cache lorsque s’étend l’injustice des hommes ( Jb 9:24). Innocence, culpabilité, vaines angoisses humaines face à un tel Dieu ! Aucun espoir n’est plus permis sur la terre ! À quoi servirait même la soumission de l’homme à sa condition ? Rien ne pourra changer la réalité de cette aliénation (Jb 9:25-31).
Pourtant, en contestant ce Dieu qui « cerne l’homme de toutes parts », en affirmant sans relâche son innocence, Job conservera son humanité. « Je parlerai malgré tout sans le craindre, car je ne suis pas tel à mes yeux » (Jb 9:35). Mais pour exister comme sujet libre, l’homme doit « tuer » ce Dieu qui l’anéantit en le culpabilisant sous sa colère.
« Je dirai à Dieu » (Jb 10:2) : telle est la revendication de Job à l’existence ! Que la parole de Job s’élève ainsi, et le Dieu dont la parole était toute-puissante commence à « mourir ». Par sa parole, Job place une borne à celle de Dieu ! « Je dirai à Dieu : ne me condamne pas, indique-moi pourquoi tu me prends à partie » (Jb 10:2). Désormais, Dieu ne détient plus l’initiative dans la déclaration du droit et de la justice ; il ne peut plus, seul, condamner sans appel. Job fait appel à Dieu, mais son recours est la revendication de son innocence et le surgissement de son être comme sujet de son droit. Non seulement Job revendique son droit, mais il conteste le droit arbitraire de Dieu. « Est-ce bien, pour toi, de me faire violence, d’avilir l’œuvre de tes mains, et de favoriser les desseins des méchants ? » (Jb 10:3).
Le reproche de Job est sévère : ce droit de Dieu n’est-il pas l’image projetée des comportements des hommes ? « As-tu des yeux de chair, et vois-tu à la façon des hommes ? Ton existence est-elle celle des mortels ? » (Jb 10:4-5). Job recherche le Dieu de son innocence : « Toi qui recherche ma faute et fais une enquête sur mon péché, tu sais bien que je suis innocent » (Jb 10:6-7).
Si Dieu est… Quel est ce Dieu de Job, renié dans sa toute-puissance ? Encore, Job n’en dit rien…
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