ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


La crise galiléenne




La mise entre parenthèses du contexte et l’analyse du miracle :

Le symposium du récit et la fraction eucharistique du pain



Sommaire
Avertissement au lecteur

Mise entre parenthèses du contexte
- Introduction
- Le symposium du récit
   - L’action de Jésus
   - Division et fraction
     eucharistique
   - Sens de la fraction du pain
     . Premier cycle de textes
     . Deuxième cycle
     . Troisième cycle
   - Un récit eucharistique
   - Banquet et assemblée
     liturgique
   - Conclusion
- Les miracles du Christ
- Miracle de la croissance
- Miracle de la constitution
- Miracle du rassasiement
- Miracle de prédication
- Du miracle du Christ au
   miracle de Jésus
- Jésus accomplit un miracle
   du Christ

Mise entre parenthèses du miracle



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La fraction du pain
et le processus diachronique de son sens :

troisième cycle de textes eucharistiques



   Dans le récit de la cène de Luc, on lit que Jésus, avant la fraction du pain, dit aux disciples : « j’ai désiré vivement manger cette Pâque avec vous, avant de souffrir ; car je vous le dis, je ne la mangerai plus jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu » (Lc 22:15-16). La Pâque que Jésus mange avec ses disciples et qui n’est pas encore accomplie est Jésus lui-même qui, en mourant, donne son corps pour les hommes. Or la Pâque s’accomplit par la résurrection du Christ ; il s’ensuit que le Christ célèbrera d’autres Pâques avec ses disciples lorsque, ressuscité, il apparaîtra dans sa gloire.
   Luc reste cohérent avec cette affirmation, puisque dans les deux épisodes de l’apparition du Christ il fait mention d’un repas que Jésus consomme avec ses disciples. On trouve aussi un repas du ressuscité avec les disciples chez Jean (Jn 21:12-13).

   Nous nous trouvons face à des textes qui présupposent une interprétation nouvelle de la fraction du pain, qui ne tire plus son sens de la mort du Christ mais de sa résurrection. Le passage du premier au deuxième sens s’est opéré, à mon avis, par une prise de conscience des implications ultimes contenues dans la doctrine paulinienne de l’eucharistie, car si les croyants, en participant à la fraction du pain, s’offrent au Christ comme son corps, il s’ensuit que la Christ ne s’incarne pas comme un mort mais comme un vivant.
   Paul avait dit qu’en mangeant ce pain on devait annoncer la mort du Seigneur « jusqu’à ce qu’il vienne », et on avait participé à la fraction du pain dans cette attente, croyant qu’il ne viendrait que pour se manifester au monde. On n’avait pas pris conscience qu’en s’offrant à lui comme corps, on rendait possible aussi sa présence : Jésus venait vraiment dans le monde. Le repas en mémoire de lui prenait la portée d’un souper avec lui, lieu sinon de sa vision, au moins de sa reconnaissance (epignosis) par signe. La fraction du pain fut toujours représentative du corps du Christ, pas de celui de la chair mais du corps céleste que le Christ avait revêtu pour sa résurrection. La fraction du pain devint une participation à la gloire du Seigneur, puisque le Christ s’y donnait en personne.

   La lecture du schéma de la fraction du pain est donc changée :

Schéma eucharistique

– La ligne de la relation (A,B) représente la manifestation du ressuscité ;
– le triangle (A,C,B) la participation de la vie du ressuscité ;
– le triangle (A,D,B) le signe de la fraction du pain ;
– l’axe (D,C) la relation entre le signe et la réalité, la fraction du pain et la vie du Christ ;
– le cercle (A,C,B,D) la coinonie avec le ressuscité.

   Cet aperçu confirme l’hypothèse de départ selon laquelle, dans le rite, le geste demeure immuable cependant que la parole change selon la succession historique du sens. Or ce sens est sans aucun doute fruit des cultures, dans la lutte pour leur hégémonie au sein des communautés ecclésiales. On aurait donc tort de chercher à définir le rite synchroniquement, car le geste ne reçoit pas le nouveau sens en chassant l’ancien, comme dans la langue, mais en le superposant aux couches précédentes de sens. Le rite devient signifiant moins par un processus d’opposition que de surdétermination, en vertu d’une association qui détruit les différences dans l’unité du vécu. Le sens intégral du rite est recouvré seulement par sa totalité diachronique, alors qu’une approche synchronique serait partielle, limitée à un moment d’une hégémonie culturelle.



1984




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ti11330 : 18/04/2017