ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les récits de la naissance de Jésus





Lecture du récit de Luc :

Marie gardait ces paroles dans son cœur


Sommaire

GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS

LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU

LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
Le nom de Jésus
La purification
Un homme appelé Syméon
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles
- Introduction
- Le récit de l’annonciation
- Marie, vierge idéale
- Le cœur de Marie
- La référence à Jacob

CONCLUSION



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Le cœur de Marie



   Marie garde les paroles dans son cœur. Si elle avait été un personnage issu exclusivement de l’interprétation, elle n’aurait pu faire autre chose, une fois distanciée de la parole, que de la conserver. Mais avant de la garder, elle la fait rebondir dans son cœur, d’où lui vient ce cœur ?
   Sans doute l’a-t-elle emprunté à l’autre vierge enceinte, à Marie. Il faut en conclure que la vierge-mère qui garde la parole est un personnage complexe, résultant de l’union de la vierge biblique avec la mère de Jésus. En repassant la parole dans son cœur, Marie ne fait que renverser le mouvement du processus interprétatif qui la fait exister comme personnage, allant de la jeune-fille trouvée enceinte à la joie de la vierge mère du fils de Dieu. Mais il convient avant tout de préciser le sens du verbe « repasser » (sumballein).

   Si on s’attache à l’origine du mot, on peut le traduire par « jeter ensemble ». Son sens se précise selon les divers champs sémantiques. Les mains se jettent l’une sur l’autre pour se serrer en signe d’un accord ; les paupières se jettent pour que les yeux se ferment. Mais les regards aussi se jettent, de même que les vagues ou, dans une guerre, les armées ennemies.
   Transposé au niveau de la production expressive, le même verbe est employé pour signifier la synthèse d’un concret sensible avec une vision idéale. Ce produit est le « symbole » (de sumballo), où les formes du sensible perdent ses connotations pour ne devenir qu’expression de l’idéal.
   Le personnage de Marie est un symbole : s’unissant avec la mère de Jésus, la vierge enceinte biblique devient une femme concrète, existant dans un lieu et dans un espace, et elle possède un cœur. Elle a aussi un nom et s’appelle « Marie ». Transparente et unidimensionnelle dans sa relation vierge – mère, elle se prolonge maintenant dans une profondeur où elle devient opaque et souffre l’angoisse du viol. Elle ne pourrait cependant pas rester dans l’unité de son personnage si le visage égaré et souffrant de la femme trouvée enceinte n’était pas relié, par le jeu du miroitement du symbolisme, à la figure rayonnante de la vierge devenue mère.



1982




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