Sommaire
GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS
LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU
LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
Le nom de Jésus
La purification
Un homme appelé Syméon
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles
- Introduction
- Le récit de l’annonciation
- Marie, vierge idéale
- Le cœur de Marie
- La référence à Jacob
CONCLUSION
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La référence à Jacob
Il est très significatif que Luc emprunte l’expression « garder toutes ces paroles » (Lc 2:19) à la Genèse, où elle est dite de Jacob à l’égard des rêves prémonitoires de son fils Joseph (Gn 37:11). Avec son proto-évangile, Luc ne fait en effet qu’écrire un livre de genèse, celui du peuple messianique.
Or ce livre opère une rupture dans la série des générations d’Abraham par la naissance virginale de Jésus, puisque celui-ci est un fils sans père. Il se trouve ainsi que Marie se substitue à Jacob, devenant la véritable ancêtre des nouvelles générations dans le Christ. C’est pourquoi elle garde les paroles qui sont dites sur son fils Jésus, avec la même attitude que Jacob gardant celles sur son fils Joseph. Ancêtre, Marie devient aussi l’image exemplaire des nouvelles générations.
Il est possible d’affirmer que le rôle déterminant joué par Marie dans l’histoire de l’Église catholique se trouve déjà arrêté dans ces paroles de Luc. S’il est vrai que ces paroles sur le Christ sont écrites dans les évangiles, il est aussi vrai que ces évangiles les puisent dans le souvenir que Marie en a gardé. Il est alors compréhensible qu’on puisse demeurer uni au Christ par la médiation de Marie.
Marie n’est pas apparue à ceux qui recherchaient le savoir, mais à ceux qui étaient mus par le désir du cœur. Elle a joué son rôle souverain de mère auprès des simples et des illettrés, et toujours lorsqu’ils restaient muets face aux événements sans sens. Mais, au lieu de parler, elle a suggéré ce sens par sa propre image, attirant le désir par le jeu de son symbolisme. Captifs de ce jeu, les hommes naissaient à nouveau dans un univers de rêve, où les faits étaient substitués par des images apaisantes et signifiantes. Les fils de Marie sont enfants du symbole. Attirés, comme par enchantement, par le visage rayonnant de la vierge-mère, sans tache ni ride, ils ont sublimé leur être-là pour la mort dans son existence céleste.
Personne ne s’est aperçu que Marie exerçait sa hantise au prix d’un mensonge. Quoique toute pure, elle n’aurait pas pu accueillir ceux qui la cherchaient pour mère si elle n’avait pas eu un cœur de femme comme les autres.
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