L’annonce de la trahison et le baiser de Judas :
À Gethsémani
Quel hymne ont-ils chanté sur le chemin de
Gethsémani ? Un psaume de la liturgie de la Pâque, sur la fuite du
peuple hors
d’Égypte dans le
désert ? Ou l’une des lamentations de
David sur la trahison de ses amis, ou encore celle sur la révolte
d’Absalom, son fils, dans sa fuite vers le
mont des Oliviers ? Nous l’ignorons.
Nous savons, par contre, que l’angoisse qu’expriment ces psaumes occupait leur esprit. À juste titre,
Luc parle « d’
agonie ».
Jésus était tiraillé entre la « honte » de la fuite et la peur d’une capture, qui l’aurait rejeté parmi les imposteurs et les criminels ; les
apôtres, étaient écartelés entre la peur et le scandale.
Jésus eut la force de se tenir sur ses gardes, en prière toute la nuit dans l’attente des
Grecs de la diaspora et dans la crainte des huissiers. Mais les
disciples demeurèrent étrangers à ses peines, ne trouvant d’évasion que dans le sommeil. Ils n’ouvrirent les yeux que pour apercevoir
Judas approcher
Jésus et lui donner un baiser. Et ils virent aussitôt des gens faire irruption, armés de bâtons et d’épées. Les paroles de
Jésus à leur endroit : «
vous êtes venus comme auprès d’un brigand, avec des épées et des bâtons pour vous emparer de moi » (
Mt 26:55) les secouèrent jusqu’au fond de l’âme. Ils se souvinrent du jour de la Dédicace, quand ils voulaient occuper le
Temple pour en chasser les vendeurs, armés eux-aussi d’épées et de bâtons comme des brigands ! Saisis d’un profond malaise, ils s’enfuirent.
La fuite leur fit prendre conscience qu’ils livraient leur maître à ses ennemis. Mais l’ombre de
Judas les suivait !
Judas, avait-il été victime de la ruse des
scribes et des
sacrificateurs ou, rusé lui-même, avait-il trahi son maître, qu’ils venaient de livrer par peur et par lâcheté ? Mais qu’est-ce qui était le plus troublant pour eux ? De soupçonner
Judas ou de fuir ? Dans la fuite, ils livraient
Jésus et renonçaient à leur vocation
d’apôtres, délaissant leur rêve de devenir
juges des douze
tribus d’Israël. Ils se cachèrent pour ne pas être reconnus, en quête de sens.