ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Judas




II- Du Judas de l’histoire
au Judas des récits




4- Raisons christologiques et intrigues épistémologiques de la controverse



PROLOGUE

INTRODUCTION

REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES

DU JUDAS DE L’HIS­TOIRE AU JUDAS DES RÉCITS
- La mort tragique de Judas
- Accusations réciproques
- Du compagnon au traître
- Raisons et intrigues
  . Le Christ des Écritures
  . Un prophète comme Osée
  . Jésus et le judaïsme
  . Mort et foi
  . Mystère du judaïsme
- Dans le mystère du Christ

ÉPILOGUE

ANNEXES


. . . . . . . - o 0 o - . . . . . . .

Jésus prophète dans le sillage d’Osée


   La critique des évangiles permet d’affirmer que Jésus exerça plutôt un ministère prophétique que messianique, mais son message impliquait un renversement des valeurs religieuses du Judaïsme, la création remplaçant la génération d’Abraham, et le sacrifice du cœur celui du sang des animaux. Jésus lui-même insista moins sur le Dieu libérateur de l’Exode que sur le Dieu Créateur de la Genèse, Père de tous les hommes.
   Bâtard, il se rendit au désert à la recherche d’un Dieu qui fut son père comme il l’était pour les fils d’Abraham. Ce fut un retour aux origines du peuple et de l’homme lui-même. Il retrouva Dieu, son Père, en méditant le message d’Osée pour qui tous les fils d’Israël étaient des bâtards. Jésus y prit conscience de l’appel de Dieu à entrer dans le sillage du prophète pour inviter ses frères à « plaider contre leur mère », la tradition du Judaïsme. Dans un procès où Dieu serait le juge, la « mère » serait condamnée, tandis que ses enfants se reconnaîtraient frères parce que fils de Dieu. La cause de leur fraternité repose, au-delà de la génération d’Abraham, dans la création.

   Saisi par cet esprit prophétique, Jésus quitta le désert pour annoncer au sein du peuple l’alliance d’amour qui transformait le comportement de Dieu qui n’agissait plus en maître mais en père, amour qui bouleversait la relation entre les individus, proclamés frères dès leur naissance. Il annonça cette alliance dans les synagogues par l’interprétation des Écritures, il la prêcha au peuple en parabole afin que tout le monde puisse la comprendre par l’expérience de sa vie. Mais par l’interprétation des Écritures et ses paraboles, il cherchait à mettre en échec la tradition et la Loi devant le sentiment de justice du peuple, et faire ainsi comprendre l’absurdité et le scandale d’un culte où Dieu n’accordait le pardon des péchés qu’au moyen du sang des animaux.
   Au culte du sacrifice, il opposa le don de soi-même ; à la Loi qui séparait les hommes selon le degré de pureté, la relation de fraternité et de filiation divine. En même temps qu’il annonçait la parole, il anéantissait dans sa personne les barrières qui séparent les hommes, car il ne tenait pas compte du sabbat, pénétrait dans les lieux impurs, se rendait chez les malades et les possédés, et aussi chez les péagers et les prostituées, bref chez les exclus de la famille d’Israël. Au lieu d’appeler les hommes à se purifier en se protégeant des impurs, Jésus les exhortait à les rencontrer pour les rendre et se rendre purs.
   Ainsi sensibilisa-t-il ses auditeurs au jour du jugement de leur mère, en dénonçant ce Judaïsme qui accommodait la loi aux privilèges de naissance, et laissait les hommes sous la malédiction du péché. Et il parvint à rassembler les disciples pour ce jugement, lors de la fête de la Dédicace, leur annonçant que Dieu viendrait du désert purifier le Temple, en chasser les sacrificateurs et remplacer le sacrifice des animaux par celui de la contrition et de la tendresse du cœur.



juillet 1987




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