ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisJudas |
II- Du Judas de l’histoire
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4- Raisons christologiques et intrigues épistémologiques de la controverse |
PROLOGUE INTRODUCTION REGARD CRITIQUE SUR LES ÉVANGILES DU JUDAS DE L’HISTOIRE AU JUDAS DES RÉCITS - La mort tragique de Judas - Accusations réciproques - Du compagnon au traître - Raisons et intrigues . Le Christ des Écritures . Un prophète comme Osée . Jésus et le judaïsme . Mort et foi . Mystère du judaïsme - Dans le mystère du Christ ÉPILOGUE ANNEXES . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
La mort de Jésus et la foi en Jésus-ChristDans les disciples du récit d’Emmaüs nous avions reconnu les apôtres en quête du Christ à travers les Écritures. Suivons-les, à présent, dans leur découverte. Ils parcourent les Écritures, avec en tête l’image de Jésus souffrant et agonisant sur la croix. Sur son corps coule du sang, et son visage éclate en grimaces de douleur ; sa parole si puissante n’est plus qu’une plainte lancée à Dieu et aux hommes. En côtoyant les personnages bibliques de leur histoire, ils recherchent si quelqu’un offrait une image semblable. Une figure retient alors leur attention, celle du Serviteur de l’Éternel, qui reproduit tellement celle de Jésus qu’ils y trouvent leur modèle, y reconnaissant ses blessures, ses traits de violence et les taches de turpitude sur son corps. Méprisés et abandonnés, tous les deux sont des hommes de douleur, pareils à « ceux dont on détourne le visage » (Is 53:3). Par la coïncidence de ces images, ils comprennent que le « Serviteur de l’Éternel », qui représente le Christ pour eux, est Jésus : Jésus est bien le Christ. Il devient alors évident que les disciples d’Emmaüs du récit de Luc rencontrent dans l’étranger Jésus, leur maître, ressuscité en Christ. Cette foi fut l’éclat éblouissant qui bouleversa leur existence et résolut l’énigme qu’ils se posaient au sujet de Jésus serviteur de l’Éternel. Le serviteur de Dieu se rapportait certes au peuple, mais exprimé dans l’image du Christ, le Fils de Dieu, fait homme pour racheter les hommes du péché et de la mort en se chargeant lui-même de leurs péchés. Le peuple n’était donc pas la seule image du Christ qui, pour porter les péchés des hommes, devait lui-même être sans péché. Sans doute le peuple demeurait-il objet de la bénédiction de Dieu, dans la mesure où il était la parabole du Christ. Dès lors, les bénédictions de Dieu devaient être comprises par opposition à la malédiction d’Adam, après sa chute : « Car tu es poussière et tu retourneras dans la poussière » (Gn 3:19). Les bénédictions de Dieu ne s’épuisaient donc pas dans l’histoire : elles allaient au de-là, vers le retour des hommes à un nouvel Éden, sans souffrance et sans mort, d’où ils avaient été chassés. Par sa mort, le Christ rachetait ainsi tous les hommes du péché et de la mort, les engageant sur le chemin de l’immortalité par la résurrection. Or le Christ était venu dans le monde en la personne de Jésus, homme fait à l’image du serviteur de l’Éternel. Même s’il avait été « considéré puni, frappé de Dieu et humilié », il n’était que blessé par les péchés des hommes (Is 53:4-5), dont il se chargeait pour racheter les humains. Les apôtres comprirent l’erreur d’avoir douté jusqu’au scandale, car ils l’avaient jugé selon la chair, c’est à dire en se fondant sur l’expérience. Selon la foi, celle-ci ne pouvait que faillir dans la définition de son être. Ils durent donc refouler le « Jésus de l’expérience », pour chercher à le comprendre à travers les Écritures, qui en révélaient l’être véritable de Fils de Dieu. On est en mesure, maintenant, d’apprécier les raisons profondes du conflit entre Juifs et chrétiens, qui était fondé sur deux conceptions différentes et opposées du Christ. Les Juifs croyaient à un Christ « juif », qui ne sortait pas des limites de leur histoire : un Christ législateur et Roi, prophète et prêtre, conquérant et libérateur de la nation. Les premiers chrétiens reposaient leur foi dans un Christ qui ne « venait pas de ce monde » et qui conduisait les hommes au-delà de l’histoire. L’opposition a surgi parce que chacun était convaincu qu’il n’y avait qu’un seul Christ et que celui en qui il croyait était le véritable. C’est pourquoi les uns et les autres allèrent jusqu’à une séparation sans retour, les chrétiens accusant les Juifs d’avoir tué le Christ, les Juifs dénonçant les chrétiens de croire Christ un homme condamné par ses crimes. Et chacun campant sur ses positions, il ne pouvait que juger son adversaire. Pour les Juifs, les chrétiens n’étaient que des hérétiques sectaires et, pour les chrétiens, les Juifs avaient renoncé à la parole prophétique comme à la Loi elle-même, renoncement que Dieu avait permis pour les endurcir dans les privilèges, le prestige et le pouvoir de leur race. Ils ne pouvaient être que les meurtriers du Christ. |
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t624400 : 12/12/2017