ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De la naissance de Jésus-Christ
à la naissance de Jésus




L’évangile de Luc : la naissance du fils de Dieu




L’annonciation :
Au niveau de la référence



Sommaire
Avertissement

Introduction

La naissance chez Paul

L’évangile de Marc

Matthieu : naissance du roi des juifs

Luc : naissance du fils de Dieu
- L’annonciation
  . Le récit
  . La référence
- La visitation
- La naissance
- La présentation

La naissance du héros

Jean : le samaritain

Marie

Joseph

Les noms de Jésus

L’évangile de Thomas

Témoignages des juifs

Jésus


. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Pour que Marie nous apparaisse comme tout à fait cohérente dans sa personnalité, il faut la considérer comme un personnage mythique. Elle n’existe pas hors de son contexte, elle nait de la reprise du mythe de la vierge-mère avec un sens nouveau : une jeune fille qui est vue comme une nécessité de nature, qui s’unit à un Dieu sans perdre sa virginité, qui devient mère sans que personne ne s’aperçoive de sa grossesse. Elle ne se réfère qu’à elle-même.

   Si nous pensons que cette image du récit est référée par l’écrivain à une femme réelle et historique, Marie la mère de Jésus, cela pose problème. Car on doit penser que la femme historique a été telle que la représente la femme du récit, mais alors l’histoire disparaît puisque les phénomènes dont cette femme est sujet sont hors de toute expérience : une femme est vierge avec autant de force que si elle était stérile, elle devient enceinte sans avoir de relation sexuelle avec un homme, personne ne s’aperçoit de sa grossesse, elle épouse un homme mais se comporte comme si elle était seule, sans que son mari ne sache rien, elle donne à l’ange son consentement à un mariage sans penser qu’elle est déjà mariée…
   Si on reconnaît ce récit comme se rapportant à l’histoire, on doit renoncer au sens de l’histoire et s’en approcher avec une mentalité mythique.

   On doit alors dire que le récit de Luc n’est qu’une sublimation de la grossesse de Marie à travers le récit de la vierge-mère des héros. Mais peut-on retrouver la femme réelle à travers la « vierge-mère » du récit ?
   Sans doute, si nous étudions la tension qui existe entre le schéma classique la vierge-mère et le récit de Luc auquel il sert de modèle.
   En effet, le schéma de la vierge-mère suppose toujours que la vierge-mère perd sa virginité et que sa grossesse est découverte. Toutes ses péripéties, sa fuite, sa persécution, son accouchement clandestin, sont des conséquences directes de cette découverte. Or le récit de Luc, tout en empruntant le modèle, le corrige fortement. On peut dire que Luc a recours à ce schéma dans le but précisément de sublimer cette situation, de la refouler au-delà de toute attention. Mais il ne pourrait la refouler sans la remplacer par des thèses contraires.

   Luc a sous les yeux le récit de Matthieu, dans lequel la découverte de la grossesse de Marie est l’acte fondant toute la dynamique : quoique reconnue vierge, Marie a été trouvée enceinte, on avait confiance en elle, on en a douté.
   Luc a voulu effacer cette accusation par une reprise du schéma de la vierge-mère, par une réinterprétation du mythe abolissant le fait de la découverte de la grossesse de la vierge. Mais la réalité est mise en évidence précisément par l’écart entre son récit et le schéma classique de la naissance du héros. En effet, c’est par ces écarts que Luc parvient à refouler les thèses sous-jacentes au récit de Matthieu.
   « Je ne connais pas d’homme », thèse par laquelle Luc refoule l’accusation que Marie avait connu un homme avant de vivre avec son mari.
   « La puissance de Dieu te couvrira » : Luc invoque un miracle de Dieu pour cacher aux autres cette grossesse, dans le but de refouler l’information selon laquelle Marie fut trouvée enceinte.
   « Le saint qui naîtra de toi » : l’enfant qui naît de Marie est saint, thèse qui s’oppose à l’accusation selon laquelle il était un impur, un fils de prostitution.

   Ainsi la femme « trouvée enceinte » se laisse entrevoir sous le texte, pour la raison même qu’elle a été refoulée, car si on néglige de la prendre en considération tout le récit reste une référence vide, l’image de Marie qu’il propose ne pouvant se référer en aucune façon à une Marie historique.



2011




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t741200 : 20/12/2017