La visitation de Marie à Élisabeth trouve sa justification dans le parallèle que le récit établit entre la naissance de Jean Baptiste et celle de Jésus. En effet, l’ange Gabriel annonce à Marie qu’elle est appelée à devenir mère après s’être rendu auprès de Zacharie pour l’informer que sa femme Élisabeth, quoique stérile, va être enceinte. Marie se rend chez celle-ci au sixième mois de sa gestation. À son tour, Jésus naît six mois après la rencontre entre les deux femmes. Structurellement, Marie et Élisabeth doivent se rencontrer pour que ce parallélisme accomplisse son sens.
   On peut dès lors affirmer que cette rencontre est la traduction en récit, sous forme de conte, de la signification théologique portée par la conception virginale de Marie en relation avec celles des femmes stériles. Mais on ne peut pas oublier que le récit est en relation de référence avec la naissance de Jésus, naissance que l’auteur énonce comme un fait réel et historique.
   Il est alors nécessaire de rechercher si le récit laisse entrevoir cette référence historique en-deçà de sa détermination théologique. En d’autres termes, ce voyage de Marie est-il dicté exclusivement par un a priori structural, ou est-il aussi conditionné par un a posteriori historique ?

   Je porterai un regard critique sur les trois moments de l’épisode : le voyage de Marie, la rencontre avec Élisabeth et l’hymne de Marie.