ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Michel Bruston

Corpus Christi







UN  ÉVÉNEMENT CULTUREL



Un événement culturel

- Un pari un peu fou
- Le succès au rendez-    vous
- Triomphe de la
   raison ?
- Incertitudes
- «Introduction»
- «Suite»
- Sciences et littéra-
   ture

  . Révélations scienti-
    fiques et formes
  . Corpus Christi et
    Sidereus Nuncius
  . Les non-éblouis
    voient très clair

- Événements
- Renaissance
- Politique du silence
- Pourquoi mainte-
   nant ?

Effet analyseur de Corpus Christi


Stratégies de Corpus Christi



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SCIENCES ET LITTÉRATURE

Les non-éblouis voient très clair



    Inversement, ceux qui ne sont pas éblouis sont les plus lucides... et en général les plus agressifs à l’égard du documentaire. Ainsi, ce n’est pas le contenu de Corpus Christi qui soulève le plus grand nombre d’objections (il est fourni par des spécialistes que seuls les plus « in­té­gristes » osent critiquer), c’est ce renversement de perspective vis à vis de l’écriture.
    J’ai montré par exemple comment ont réagi Thibaud et d’autres à ce qu’ils ont formulé comme une « in­certitude » sur le « dessein », ou la « problématique » de Corpus Christi (voir et aussi). En fait, on peut faire l’hypothèse qu’ils sont déstabilisés par les thèses im­plicites de Mordillat et Prieur concernant non seulement l’écriture des évangiles, mais l’écriture de manière générale.
    Examinons ici les réactions suscitées par les quelques phrases qui concluent en voix off la cinquième partie (la dernière déjà diffusée, Christos) : « Le prophète galiléen va se muer en Christ universel. Comment un tel retournement de l’histoire a-t-il pu se produire, sinon par l’écriture ? ».
    Dans Le Figaro, François Hauter cite en entier le dernier paragraphe du livret Christos (1), puis ironise : « Voilà au moins une conclusion ouverte » (26/3/97).
    Un téléspectateur trouve ces phrases très « claires », et souhaite faire apparaître les « convictions » des réali­sateurs aux yeux aveugles des commentateurs, sans doute de bonne foi mais « unanimes » dans l’éblouis­sement : « Contrairement à ce que la critique unanime en a dit, ce savant montage d’interviews n’est pas neutre, il laisse clairement apparaître les convictions des réalisateurs [ici se place la citation des deux dernières phrases]. La thèse soutenue par Mordillat et Prieur est claire : la transformation de Jésus, simple prophète juif, en messie, est une invention littéraire. Autrement dit : Jésus est un messie de papier » (lettre de William Lambert, publiée d’abord par Le Monde le 14/4/97, puis par La Croix le 24).
    Pour titrer cette lettre, la rédaction du Monde choisit : « Un messie de papier ? », mais celle de La Croix écrit que son auteur « regrette la partialité de certaines conclusions », ce qui peut signifier qu’elle aussi la « re­gret­te »...
    ... or, le même jour, La Croix donne aussi la parole à Edouard Cothenet, professeur émérite de l’Institut catho­lique de Paris, pour répondre aux critiques (et fournir en quelque sorte un « mode d’emploi » de Corpus Christi, voir). Celui-ci défend la série, mais pas entièrement : il décalque la lettre de Lambert : « Quant à la thèse des réalisateurs, elle s’exprime clairement à la fin du cinquième livret [ici se place la citation de tout le dernier paragraphe du livret Christos]. Avec cette citation, certains seront confortés dans leur opinion qu’il faut condamner purement et simplement l’émission ».
    Jacques Mandelbaum est un des rares à se féliciter des options de Mordillat et Prieur sur « l’écriture », qu’il désigne comme « le postulat explicite que le cas Jésus relève moins du mystère de l’incarnation que de celui du texte » (Tribune Juive, 20/3/97). (2)

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(1) « Jésus est mort crucifié par les Romains... Le grand miracle qu'il espérait n'a pas eu lieu... Le royaume d'Israël n'a pas été restauré, au contraire les défaites de 70 et 135 vont définitivement marquer l'écrasement des Juifs. Pendant ce temps, l'espace de ce même siècle, les Évangiles et les premiers chrétiens vont enlever Jésus à la Palestine et au judaïsme, le prophète galiléen va se muer en Christ universel... Comment un tel retournement de l’histoire a-t-il pu se produire, sinon par l'écriture ?»
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(2) Il n’y a, me semble-t-il, que deux autres exceptions : Élisabeth Perrin (« Un superbe travail d’archéologie sur l’écriture », TV Magazine - Le Figaro, 22/3/97) et Magali Jauffret (« Un formidable travail sur l’écrit et la mémoire », L’Humanité, 25/3/97).
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Paris, le 21 juin 1997




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tb011073 : 28/12/2017