ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





L’utopie dans tous ses états


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing

La crise

Épilogue
- L’utopie dans tous ses
  états

  . Un quart de siècle...
  . Dénoncer l’aliénation
  . L’opinion de l'orthodoxie
  . L’hérésie
  . Combattre le religieux
  . Certitude ou inquiétude ?
- Quitter un monde bon




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

L’opinion de l’orthodoxie réformée


   L’opinion de l’orthodoxie réformée, exprimée dans le rapport du président du Conseil régional du Nord au synode de 1967 (1), reprise ensuite par le pasteur Paul Conord lors de son enquête en mars 1968 (2), devait confirmer que l’Église, comme « société religieuse », détermine elle-même les limites de son appartenance et de son exclusion. « Il existe une limite au-delà de laquelle la communion dans la foi n’existe plus. L’Église réformée de France n’a jamais contesté le droit au pluralisme théologique, mais encore faut-il que celui-ci surgisse d’un certain fond commun », déclarait le pasteur Paul Lew. Le pasteur Conord précisait que le pasteur se trouve lié à la confession de foi par un « contrat » ; la contester revient à rompre son appartenance à l’Église, de même la « parole pastorale » engage l’Église.
   Qu’implique alors pour l’Église de dialoguer avec le monde ? Deux choses précises : aider l’Église à découvrir et comprendre le langage du monde « sans que sont témoignage soit pour autant amputé d’une seule des certitudes de sa foi », et lui faire connaître les contestations du monde à son égard, « afin qu’elles soient acceptées en ce qu’elles ont de recevable et rejetées en ce qu’elles ont d’injuste ». En un mot, dialoguer avec le monde « pour y vivre sa vocation de témoignage ».
   À cette prétention de l’Église, nous nous sentions en droit de demander légitimement de qui procèdent les limites imposées au-delà desquelles la commu­nion dans la foi s’effondrerait : de l’Écriture, en particulier de l’Évangile comme cela était prétendu, ou de concepts et de systèmes philosophiques susceptibles d’être contestés et dépassés ? La confession de foi est-elle une structure immuable, ou au contraire ne reflète-t-elle pas une interpréta­tion et une adaptation de l’Église à une époque donnée ? En quoi serait-il, dès lors, hérétique de la remettre en cause ? Serait-ce le « risque » inhérent au dialogue ? En ce cas, l’orthodoxie des Églises témoigne-t-elle encore de la « foi » si elle s’en remet aveuglément à des « certitudes sécurisantes » ? Ne dévoile-t-elle pas plutôt ainsi sa « peur » de se suicider, de se perdre comme « institution » et de devoir renoncer à son « pouvoir » sur des conscien­ces aliénées ?

   Où se trouve désormais le véritable scandale ? Dans le raidissement frileux du conservatisme autoritaire, ou dans l’ouverture et la liberté du dialogue et de la recherche sans frontières ? Certes, de leur point de vue, les autorités de l’Église réformée de France ont eu le sentiment d’être fidèles à elles-mêmes et à l’Évangile, et de nous faire un juste procès puisqu’elles s’estimaient gardiennes d’une institution dont les fondements leur apparais­saient menacés, alors que depuis longtemps des lézardes y étaient déjà flagrantes…
   Mauvais procès, quand même, car tout était encore possible : aucune position n’était figée, la recherche était ouverte. Les autorités de l’Église réformée de France n’ont pas su saisir l’occasion (le kairos grec). Alors, est-il permis de rêver (encore l’utopie !) ? Que serait-il advenu de l’Église de la Réforme en cette année 1968 si elle ne s’était pas raidie dans ses « auto-vérités » et la défense obstinée de son pouvoir théologique et administratif ; si elle avait pris la mesure et reconnu l’importance et la profondeur de l’événement ? Mais en était-elle capable ? Précisément, imposer la « limite » n’était-ce pas pour elle la « limite » ultime qui la maintenait en survie ?

______________

(1) Bref compte-rendu du synode régional d’Hargicourt du 9 avril 1967.   Retour au texte

(2) Voir la brève visite du pasteur Conord.   Retour au texte



1992




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tc451300 : 06/08/2019