ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Le roman inachevé d’un utopiste





L’utopie dans tous ses états


Sommaire

Prologue

Introduction

Clermont-l’Hérault

Saint-Quentin

Bruay-en-Artois

Tourcoing

La crise

Épilogue
- L’utopie dans tous ses
  états

  . Un quart de siècle...
  . Dénoncer l’aliénation
  . L’opinion de l'orthodoxie
  . L’hérésie
  . Combattre le religieux
  . Certitude ou inquiétude ?
- Quitter un monde bon




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Dénoncer l’aliénation de la religion


   À Clermont-l’Hérault (1) comme à Bruay-en-Artois (2) ou à Tourcoing (3) (tout ce qui précède tente d’en porter témoignage), l’utopie proclamée et vécue dénonça inlassablement l’aliénation de la religion, les fatalités de l’histoire et la mystification des pouvoirs, les tabous paralysants et la malignité des masques d’honorabilité. Mais, dans le même temps, elle affirma ingénument comme une libéra­tion à portée humaine dans les événements impor­tants ou ordinaires de l’histoire le surgissement de l’homme mandataire de l’amour, dont le dynamisme ne s’épuise pas en Jésus le Nazaréen, mais déploie son énergie recréatrice chaque fois qu’un homme découvre sa possibilité d’être enfouie dans les replis de sa conscience, qu’il transcende son aliénation omniprésente et parvient à donner un sens à son existence.

   Pour sa part, dans la critique de l’orthodoxie qu’il avait entreprise et l’approche d’une « nouvelle théologie », le directeur (4) du Centre du Nord écrivait en mai 1965 : « Ce qui caractérise la Réforme, le principe par lequel elle est toujours actuelle et universelle, c’est le fait de considérer le Christ des Écritures comme critère unique de la connaissance théologique ». Il précisait, néan­moins : « Il faut partir du Christ phénoménologique. Si nous cherchons à comprendre le Christ en partant des noms que la Bible lui a donnés, il nous sera impossible d’échapper à la tentation de l’onto­logisme, et nous le définirons par un être qui précède son existence. Par contre, nous éviterons l’ontologisme si nous cherchons à définir le Christ par les faits de son existence, par son « apparaître » aux hommes. Il ne faut pas oublier que le Christ lui-même, pour se faire reconnaître, a renvoyé les hommes à son œuvre, c’est-à-dire aux faits qui ont marqué sa vie » (in Pourquoi une nouvelle théo­logie ? (5)).
   En effet, selon Ennio Floris, à cette époque la Réforme protestante n’avait pas tiré toutes les conséquences de ce principe fondamental parce que, refusant de créer une nouvelle Église, elle a adopté les affirmations théologico-philosophiques des grands conciles œcuméniques du quatrième siècle. Faisant du Christ, comme seconde personne de la Trinité, une hypostase divine, elle a intégré dans sa christologie la philosophie platonicienne et aristo­télicienne.
   Dans le Cahier du Centre du Nord consacré en juin 1967 à « La réforme ou la reconversion » de l’Église, sa réflexion dialectique faisait un sort à l’accusation d’hérésie portée contre nous. « L’Évangile est un événement « mondain », je veux dire « humain », ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas en même temps « christique », et qu’il ne vient pas de Dieu, ni qu’il ne possède pas une référence à la Bible, mais que la dimension ou l’on peut définir le Christ, saisir Dieu et se référer à l’Écriture n’est pas la religion et le sacré, mais le mondain et l’humain » (6).
   Certes, il exprimait alors un doute profond sur une possibilité de « réforme » de l’Église institutionnelle car, écrivait-il aussi, celle-ci « restera toujours soumise à l’interprétation religieuse des Écritures, liée aux dogmes de sa propre confession de foi, agissant par des moyens sacrés, tels que les sacrements et les ministères ». Lui demander de cesser d’être religieuse serait la condamner à se suicider.

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(1) Voir l’expérience de Clermont-l’Hérault.   Retour au texte

(2) Voir l’expérience de Bruay-en-Artois.   Retour au texte

(3) Voir l’expérience de Tourcoing.   Retour au texte

(4) Voir une brêve biographie d’Ennio Floris par Jacques Lochard (1986), l’autobiographie d’Ennio Floris (2012), et son autobiografia (2005).      Retour au texte

(5) Voir l’étude complète (Ennio Floris, 1965).   Retour au texte

(5) Voir l’intégralité de l’article (Ennio Floris, 1967).   Retour au texte



1992




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