ANALYSE RÉFÉRENTIELLE |
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Ennio FlorisL’écriture des évangiles |
Les évangiles et la structure de leur discours :Le nouveau contexte |
Sommaire Introduction La foi en Jésus-Christ Mort et résurrection Refoulement et sublimation de Jésus Tournant historique de l’Église Naissance de l’anti évangile De l’Évangile aux évangiles Structure de l’anti évangile Structure des évangiles - Déstructuration de l’anti évangile - Espace référentiel de Marc - L’image de Jésus- Christ - Les informations traitées comme des signes . Les informations- signes . Quelques exemples - Les figures rhétoriques - La censure Le Jésus de l’histoire Genre littéraire et genre référentiel . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . |
Quelques exemples d’informations-signesEn ce qui concerne la naissance de Jésus, l’anti évangile la considérait comme fruit d’une union adultère de Marie avec un étranger. Le caractère diffamatoire et honteux de cette affirmation une fois ôté, il n’en demeurait pas moins que Marie fut effectivement « trouvée enceinte » (Mt 1:18) avant son mariage, qu’elle accoucha d’une façon clandestine hors de sa patrie, et que lorsqu’elle rentra à Nazareth Jésus n’avait pas de père. Il s’agissait d’informations que, en raison de leur notoriété, les évangélistes ne pouvaient pas nier et qui se rapportaient à une situation de fait. Il ne leur restait que de les interpréter en les inscrivant dans d’autres circonstances déterminantes. Ils cherchèrent à les comprendre dans le schéma mythique de la naissance du héros fils de Dieu, schéma commun aussi bien à la littérature biblique que païenne. Ils puisèrent les thèmes interprétatifs d’une part dans l’oracle de la vierge d’Isaïe, et d’autre part dans la conception par intervention divine propre aux femmes stériles des origines. En outre, ils parvinrent aussi à donner à Jésus un père sans qu’il le fût effectivement en se référant au personnage biblique de Joseph. L’intrigue du récit de Matthieu se laisse comprendre dans les possibilités combinatoires offertes par ce nouveau champ sémantique de référence. Il était donc faux de dire que Jésus était un bâtard, et si effectivement Marie fut trouvée enceinte, ce le fut par le Saint Esprit : la naissance illégitime fut supplantée par la naissance virginale. Autre exemple, le voyage de Jésus à Jérusalem, sur lequel Marc eut des informations génériques mais suffisantes, par leur tonalité, pour lui faire comprendre la portée douloureuse et tragique de l’événement. Jésus avait décidé d’affronter ses adversaires après son échec en Galilée et son errance clandestine qui le mena de la Phénicie au désert de Pérée. Ce fut une décision au seuil du désespoir, comme l’engagement dans une bataille décisive pour la mort ou la vie, qui jeta les disciples dans la peur et le désarroi. Dans cette montée à Jérusalem, Marc ne pouvait trouver d’autre fait digne de mémoire que la solitude, le soupçon, et la tension angoissante du pressentiment tragique. Mais le fait fut que Jésus monta effectivement à Jérusalem et qu’il acquit le droit à la royauté messianique par sa mort sur la croix. Cela suffisait à Marc pour mettre ce voyage sous l’éclairage du récit de la conquête de Jérusalem par David : Jésus avait acquis le titre de la royauté messianique en accomplissant et répétant cet événement de la prise de la ville qui avait marqué la proclamation de la royauté davidique. Sous cet éclairage, la montée de Jésus prit l’allure d’un assaut que Jésus mena en première ligne, comme un héros, suivi par la troupe de ses disciples qui alla grossissant au long du chemin. Et si, à Jéricho, Jésus rend la vue à un aveugle, c’est toujours en relation avec le récit de David. De même que David conquit la ville en tuant tous ses habitants – les « aveugles » qui s’opposaient à son passage – Jésus soumet la ville à sa royauté en redonnant la vue à ses opposants aveugles. Dans l’évangile de Matthieu le sermon sur la montagne, qui en est la pièce maîtresse, ne se rapporte pas à un discours que Jésus aurait prononcé mais est une reconstruction fictive de son enseignement, sur le modèle de la loi mosaïque. Jésus est le Moïse messianique, qui proclame à nouveau la loi, mais pour l’accomplir. C’est pourquoi il gravit « la montagne » cependant que les disciples et le peuple, qu’il a lui-même guéri des maladies, demeurent à ses pieds, en situation d’écoute. La somme des paroles de Jésus (les logia) devient écriture. Enfin je citerai la première manifestation de Jésus dans la synagogue de Nazareth, selon Luc. En ce qui concerne la venue de Jésus à Nazareth, Luc n’avait que des informations décevantes et compromettantes, dans la mesure où Jésus non seulement ne fut pas reconnu par les siens comme prophète, mais fut motif de scandale à cause de son origine bâtarde. Tandis que Marc et Matthieu se bornent à modifier les données d’information afin d’en effacer la portée infamante, Luc la remplace par un autre événement où Jésus fait connaître lui-même l’origine divine de sa mission par les œuvres qu’il accomplit, dans la mesure où elles réalisent l’oracle messianique d’Isaïe. Ainsi les informations sont-elles réduites au niveau minimal : Jésus s’est rendu à Nazareth et les siens n’ont pas reconnu son prophétisme. Mais autant l’information est réduite, autant l’auteur s’estime autorisé à étoffer la situation minimale de base par des détails venant des Écritures. |
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![]() ![]() ![]() ![]() ![]() tg08420 : 20/03/2021 |