ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


De la naissance de Jésus-Christ
à la naissance de Jésus




L’évangile de Luc : la naissance du fils de Dieu




La présentation :
Siméon



Sommaire
Avertissement

Introduction

La naissance chez Paul

L’évangile de Marc

Matthieu : naissance du roi des juifs

Luc : naissance du fils de Dieu
- L’annonciation
- La visitation
- La naissance
- La présentation
  . Les apories
  . Siméon

La naissance du héros

Jean : le samaritain

Marie

Joseph

Les noms de Jésus

L’évangile de Thomas

Témoignages des juifs

Jésus


. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

   Marie et Joseph rencontrent dans le temple une personne expressément conçue pour accueillir l’enfant, Siméon. C’est un personnage qui est censé demeurer à Jérusalem et dont la caractéristique est d’attendre la « consolation d’Israël », car il avait reçu du Saint Esprit l’assurance de ne pas mourir avant d’avoir vu le Christ du Seigneur.
   Il n’est pas difficile de reconnaître dans ce personnage le patriarcat du peuple juif. C’est aux pères du peuple – Abraham, Isaac et Jacob – que Dieu avait fait la promesse d’une génération royale dans laquelle le christianisme a vu le Christ. C’est en voyant le Christ que les promesses de Dieu sont accomplies, et que le peuple juif achève sa mission historique selon le plan de Dieu ; la venue du Christ marque aussi le temps de sa mort, dans la paix.

   Exégétiquement, les paroles de cette assurance se rapportent aux paroles qu’avait prononcées Jacob à la vue de Joseph, de toute évidence Luc interprète ce passage comme un texte messianique. Joseph est figure du Christ, et sa vue par son père prend le sens de vue du Christ par les pères du peuple, auxquels Dieu avait promis le Christ. Siméon est le personnage qui représente ces pères sur la scène évangélique, son texte est une évocation de la mort du judaïsme, qui s’éclipse comme le serviteur en présence de son maître, comme la nuit au lever du soleil.

   Mais que représente précisément Siméon ? Je serais tenté de croire que son nom autorise à voir en lui la projection de Siméon, fils de Jacob. Nous avons vu en effet que Luc fait implicitement à Judith, dont la figure se reflète sur celle de Marie. Or Judith descendait de Siméon, c’est pourquoi elle s’adresse à lui dans sa prière avant de se rendre auprès d’Holopherne. Elle le prie pour que son âme possède cette même force que Siméon avait eue lorsque, pour venger Dina, violée par Sichem, il avait tué de son épée tous les hommes de la ville de Sichem.
   Marie qui, au niveau de la référence du texte, avait été assimilée à Judith, se trouve ici face à Siméon, ancêtre de Judith. On peut penser que Luc considère qu’elle est, elle aussi de la tribu de Siméon, c’est pourquoi elle rencontre son père dans le temple, pour recevoir son enfant. Siméon est là parce qu’il doit venger Marie comme il a vengé Dina, non que Marie ait subi un viol, mais parce qu’elle est considérée comme une femme prostituée et violée, comme Dina. Il est là pour défendre l’honneur de la vierge offensée, comme il avait défendu l’honneur de sa sœur violée.
   Sa parole s’adresse à Marie, mais elle concerne aussi l’enfant : l’enfant est dans le peuple un signe de contradiction en vue de la manifestation des pensées du cœur, sans doute dans le choix de la foi. Quant à Marie, une épée percera son âme. Il est étonnant de trouver une allusion à l’épée, alors que celle-ci est le signe distinctif de Siméon. S’agit-il de l’épée qu’emploient contre Marie les détracteurs de sa virginité et que Siméon retourne contre eux ?


   Il reste qu’au niveau de la référence textuelle l’ombre de la femme trouvée enceinte revient. Luc, tout en se refusant à faire allusion à des femmes prostituées comme l’avait fait Matthieu, fait ici apparaître en arrière-plan l’image de Dina, violée par un non-juif et ramenée à sa maison pour sa honte. Marie semble la racheter, mais en même temps elle est éclairée par elle, par sa souffrance, sa solitude, son abandon, le déshonneur que le carnage commis par son frère n’avait pas réussi à effacer.



2011




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t744200 : 21/12/2017