Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
. Accablement
. Conversion
. Mission
. Renommée
. Discernement
. L’agneau et le pain
. Communauté de destin
. Libérations
. Chemins de la liberté
. Dialectique historique
. Lutte finale
. Accomplissement
- Dieu contesté par Job
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Mission
Voici deux expressions significatives de l’Ancien Testament, particulièrement du livre de l’Exode : le désert et la montagne (Ex 3:1). À la réalité du désert correspond celle d’une mise à l’épreuve ; il est aussi le lieu de l’attente. La montagne est le lieu de la révélation de Dieu.
Le dialogue de Dieu avec Moïse
Celui-ci s’établit entre « l’ange de Yahvé » et Moïse (Ex 3:2). L’ange de Yahvé se manifeste sous la forme d’une flamme de feu. C’était exprimer d’une manière poétique la tension profonde dans laquelle Moïse était déchiré entre sa situation actuelle (il avait un pays, une famille, un métier) et la situation de son peuple en Égypte. Dans le drame de cette tension devait surgir l’étincelle, le feu de la révélation.
La question fondamentale : qui est ce Dieu qui intervient ?
Le récit poétique (Ex 3:6-7) annonce que le Dieu de l’Exode n’est pas une divinité impassible, trônant souverainement dans un ciel au-delà de l’existance des hommes.
Il est le Dieu qui surgit du buisson (Ex 3:4) ; il survient ; il est événement dans l’existence des hommes : « Moïse ! Moïse ! ».
Il est aussi le Dieu d’Abraham, d’Isaac, de Jacob, qui existe dans une alliance, et « non pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Lc 20:38).
Il est encore le Dieu qui survient dans l’histoire (Ex 3:7-9), le Dieu qui fait mouvement vers les hommes, qui « descend ». Ce Dieu est dans la mesure où il vient dans l’homme et l’humanité esclave, aliénée. Il est présent dans ce regard (« j’ai vu… » et cette écoute (« j’ai entendu… ») de l’autre. Dieu est dans la mesure où il vient maintenant, ici, dans l’histoire et les événements de ce monde, comme une possibilité de libération de l’esclavage (« je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens »). Dieu intervient en vue d’une délivrance historique.
La mission de Moïse
Elle s’inscrit dans le même mouvement (Ex 3:10). Moïse doit quitter l’en soi de son enracinement pour découvrir la misère du peuple et entendre ses cris. Il doit devenir l’homme pour les autres, le serviteur des esclaves, afin que les esclaves puissent accéder à leur libération. Dans ce mouvement de « mort de Dieu » afin que le peuple vive, le Dieu vivant sera à l’œuvre, il existera parce qu’il sera avec Moïse, il sera « Emmanuel ». De l’anéantissement de Dieu surgit l’exister historique d’un peuple libéré ; Moïse est le médiateur de cette libération.
L’évangile de ce texte affirme que l’histoire terriblement embrouillée des hommes d’aujourd’hui contient la possibilité d’un surgissement de l’événement libérateur, non point magique mais avec les hommes et pour eux. Dieu devient ainsi sans cesse cette possibilité qui existe pour l’autre, germe d’amour qui fait « mourir Moïse à lui-même », afin qu’il devienne le libérateur d’Israël. Quand nous parlons de « Dieu », est-il toujours le « Dieu de Moïse », le Dieu qui surgit, le Dieu-événement dans l’histoire des hommes ? Ou bien parlons-nous du Dieu de l’au-delà ?
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