Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
. Accablement
. Conversion
. Mission
. Renommée
. Discernement
. L’agneau et le pain
. Communauté de destin
. Libérations
. Chemins de la liberté
. Dialectique historique
. Lutte finale
. Accomplissement
- Dieu contesté par Job
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Chemins de la liberté
Ce texte conduit le lecteur au cœur de la grande épopée de la délivrance d’Israël : les chapitres 13, 14 et 15 ont l’allure d’une fresque épique, presque une chanson de geste, par laquelle le peuple d’Israël a pris conscience de son existence de peuple libre. La Pâque annonçait cet événement : l’enfantement à la liberté par l’anéantissement de la puissance d’aliénation de l’Égypte sur Israël. Les eaux de la mer des Roseaux sont le symbole de la destruction de la puissance aliénante et de l’enfantement de la liberté.
Encore une fois, deux traditions scripturaires s’imbriquent presque symétriquement : la source yahviste-élohiste (Ex 13:17-22 ; 14:5-7 ; 10-14 ; 19-20 ; 22 ; 24-25 ; 27b ; 30-31 ; Ex 15:1-21), et la source sacerdotale ( Ex 14:1-4 ; 8-9 ; 21 ; 23 ; 26-27a ; 28-29).
La source sacerdotale, la plus récente, interprète la source yahviste ; ces deux sources imbriquées brossent la chanson de geste d’Israël. La source élohiste, la plus ancienne, relate la mise en route du peuple. Par quel chemin ? « Le chemin du pays des Philistins » (Ex 13:17), c’est-à-dire par le chemin déjà établi, tracé au long de la côte méditerranéenne, la voie normale des caravanes, jalonnée de puits, la voie sans surprise ? Ou bien par le « chemin du désert » (Ex 13:18), plus au sud, la voie risquée qu’il faudra construire jour après jour, dans l’inattendu et la responsabilité ?
Comme précédemment (Ex 3), Dieu n’apparaît au peuple qu’à travers un signe : « l’ange de Dieu » se manifeste dans une « colonne de nuée » (Ex 13:20-22), à la fois ténébreuse et lumineuse, dialectique souvent reprise de la lumière et des ténèbres, de la vie et de la mort ( Jn 8:12). Dieu conduit Israël au moyen de cette « colonne » à double face. Il est « le berger d’Israël » (Ps 23 ; Is 40:11 ; Jn 10:4) et la lumière. Que signifie cette « lumière pour guider Israël sur le chemin du désert » ? Très probablement la loi, la Thora d’Israël ; en effet, le psaume 119 compare « la loi » (ou aussi « la parole ») à une lampe, « une lumière sur le sentier » (Ps 119:97-105). En elle, Israël pourra reconnaître le chemin de la liberté ; à travers elle, le peuple prendra conscience que Dieu le mène.
L’évangile passe « par le chemin du désert », le chemin exigeant de la liberté sans cesse reconquise, chemin toujours ouvert sur lequel l’homme doit demeurer en éveil pour quitter les chemins battus, se défaire des routines, des structures sclérosées, pour entrer dans les voies ardues de l’imagination créatrice, à la découverte de nouvelles formes de vie, sous l’exigence lumineuse de l’amour qui renouvelle toutes choses.
Mais la loi peut devenir vérité dogmatique et casuistique juridique (Jn 8:1-11).
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