ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Itinérance, une quête du sens :
Servitude et libération


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde

Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
  . Accablement
  . Conversion
  . Mission
  . Renommée
  . Discernement
  . L’agneau et le pain
  . Communauté de destin
  . Libérations
  . Chemins de la liberté
  . Dialectique historique
  . Lutte finale
  . Accomplissement
- Dieu contesté par Job

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




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Lutte finale



   Pour Israël, c’est la lutte finale et la porte ouverte sur le chemin de la liberté par l’anéantissement du pharaon et de son armée, au-delà de toute réalité de « puissance ». Pourtant, la victoire d’Israël n’est pas un coup de magie, un risque existe. Alors que toute issue est bouchée, le peuple doit s’engager. Moïse, lui-même, doit « étendre la main » (Ex 14:16 ; 21 ; 26 ; 27) ; le peuple doit percevoir la brèche et y passer sans crainte (Ex 14:16 ; 22 ; 29).

   La main tendue de Moïse appelle le jugement prophétique sur l’histoire : c’est le signe de la foi qui voit l’invisible, non « au ciel », au-delà de l’histoire, mais l’invisible objet de foi qu’on nomme aujourd’hui « prospective ». La main levée de Moïse atteste le jugement d’ensemble porté sur le monde et symbolisé par le pharaon et sa puissance ; elle indique la liberté nouvelle qui saisit l’avenir comme une possibilité déjà actuelle. Elle pointe vers le projet vers lequel il convient de marcher avec la ferme conviction qu’il sera le présent de demain ; elle révèle la lucidité prophétique qui discerne déjà la brèche dans les déterminismes et les fatalités de l’histoire, sans jamais fuir le présent.
   Analyser ce présent historique dans toutes ses dimensions (psychologique, sociologique, écono­mique, éthique, politique) permet de déchiffrer le projet, le préservant de l’illusion et du mirage, de la projection. Moïse, le bras étendu sur la mer des Roseaux, suggère le geste qui accouche l’histoire, l’extrayant de la préhistoire, des fatalités écrasantes, des mystifications telle l’alternative mensongère dans laquelle les Israélites se trouvaient prisonniers : servir l’Égyptien ou mourir au désert (Ex 14:12). Il annonce la mort des « dieux de l’Égypte », la désacralisation du monde et la laïcisation de la société, d’un peuple libre pour lequel l’autorité a cessé d’être hiérarchique et sacrée. Il authentifie la fin des aliénations, que Paul Ricœur appelle le monde privé de signes, la captivité du désir, l’ordre de l’ustensile, c’est-à-dire la manière de manipuler l’homme par volonté de puissance, et l’absence de but. Il signifie la possibilité offerte aux hommes d’un sens inclus dans l’existence, une direction et un destin, une signification tournée vers un devenir.

   Donner sens permet ainsi d’ouvrir des brèches (la mer s’ouvre et le peuple passe à pieds secs), de se situer dans une visée. Cette perspective pour les hommes dans leur histoire, telle est la foi.



juin 1971




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