ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


Auteurs Méthode Textes
Plan Nouveautés Index Liens Aide





Pierre Curie


Au risque de croire





Itinérance, une quête du sens :
Servitude et libération


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde

Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
  . Accablement
  . Conversion
  . Mission
  . Renommée
  . Discernement
  . L’agneau et le pain
  . Communauté de destin
  . Libérations
  . Chemins de la liberté
  . Dialectique historique
  . Lutte finale
  . Accomplissement
- Dieu contesté par Job

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Accomplissement



   Tout est accompli. Pourtant, c’est le temps où tout entre aussi en croissance. Le Cantique de Moïse rappelle le cri du nouveau-né : le peuple libéré est entré sur la scène du monde. On ne saura jamais si le cri du nouveau-né exprime la joie ou la souf­france ; peut-être l’une et l’autre résonnent-elles comme le double visage de toute existence sur terre ? Le peuple d’Israël a dû traverser une grande souffrance pour parvenir à la joie.

   Le Cantique de Moïse trouve sans doute son origine dans la source élohiste. Il rappelle l’événe­ment libérateur (Ex 15:1-5), puis il célèbre Yahvé le Seigneur des nations qui seront rassemblées avec Israël sur la montagne élue autour du temple de Jérusalem (Ex 15:6-10). Alors, le règne de Yahvé sera éternel (Ex 15:18).
   Ce chant exprime donc le dynamisme de l’histoire d’Israël, depuis sa sortie de l’Égypte jusqu’à son établissement dans le royaume où, à Jérusalem, le temple symbolisera la demeure de Yahvé, lumière des nations. Il exprime aussi la dynamique de toute l’histoire humaine entre l’événement et l’avène­ment, c’est-à-dire ce qu’il advient à la réalité des hommes chaque fois qu’elle sort des situations d’aliénation pour entrer dans le cheminement des relations qui ont retrouvé un sens.
   Les peuples voisins de la Palestine (Ex 15:14-16) représentent toutes les nations du monde, invitées à reconnaître la « seigneurie de Yahvé », non plus comme l’affirmation tyrannisante d’un pouvoir, mais comme la force libératrice des opprimés (Ex 15:1-3), puissance contraignante de l’amour, violence révolutionnaire par laquelle le royaume est « forcé » (Lc 16:16), par laquelle l’histoire accouche d’une humanité nouvelle où la justice habite, où les Béatitudes (Lc 6:20-26) deviennent la réalité quotidienne. Le Cantique de Moïse accomplit ici le Cantique de l’agneau (Ap 15:3-4).

   Le Cantique de Moïse est le chant sabbatique. Pour sa libération, Israël célèbre son culte, non point à côté de l’histoire, mais comme le moment plein de son histoire. C’est le lieu où la joie (en grec, « chara ») devient l’expression reconnaissante pour la grâce (en grec, « charis ») : la joie de la grâce, le rayonnement d’un bonheur signe d’une vie libérée. Le Cantique de Moïse ne sent ni l’encens ni la sacristie, il est gros de tous les vents de l’histoire (Ex 15:6-8 ; 10). Le repos de ce jour du Seigneur n’est pas un temps vide et mort, mais riche de toutes les moissons de l’histoire. Il est à l’image du septième jour de la création.

« Heureux ceux qui ont faim et soif de justice,
car ils seront rassasiés »




juin 1971




Retour à l'accueil La lutte finale Haut de page Dieu contesté par Job      écrire au webmestre

tc531120 : 11/12/2019