ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Pierre Curie


Au risque de croire





Itinérance, une quête du sens :
Servitude et libération


Sommaire

Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle

Présence de l’Église au monde

Église en dialogue avec le monde

Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
  . Accablement
  . Conversion
  . Mission
  . Renommée
  . Discernement
  . L’agneau et le pain
  . Communauté de destin
  . Libérations
  . Chemins de la liberté
  . Dialectique historique
  . Lutte finale
  . Accomplissement
- Dieu contesté par Job

Croire au-delà des perplexités

En écoutant l’Alléluiah d’Hændel




. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Mutations



   Deux éléments distincts ont été réunis tardivement dans ce rituel de la Pâque, probablement vers le VIIème siècle avant Jésus-Christ, certainement après l’exil babylonien (Ex 12:12-14 ; Dt 16:1-8) : une fête des bergers et des prémices du troupeau (Ex 12:1-11), et une fête des paysans et des prémices de la récolte de blé (Ex 12:15-20). La Pâque apparaît alors comme le mouvement unissant deux modes d’existence : c’est le passage de la vie nomade à la vie sédentaire, de la sortie d’Égypte et de la vie au désert à la terre promise et à l’installation au pays de Canaan.



L’agneau pascal (Ex 12:1-15)

   Primitivement fête des prémices du troupeau, l’agneau sacrifié devient le signe du commencement de l’année israélite (Ex 12:2), mais aussi l’acte de naissance, de création renouvelée, du peuple, dont l’existence est réellement datée à partir de ce « passage » (Pâque) de l’Éternel, qui « discerne » Israël, sur l’Égypte.

   L’agneau devient l’image de la vie offerte par la croissance du peuple : d’abord rite d’offrande des premiers-nés du troupeau, ne rappelle-t-il pas le sacrifice des premiers-nés égyptiens (enfants et bêtes) ? Signe que de la mort (des Égyptiens) va surgir la vie (la possibilité d’être du peuple d’Israël) et que de la fin de l’oppression doit surgir la possibilité de libération d’Israël ?
   Rite de protection, ensuite, indiqué par le sang sur les portes d’Israël (Ex 12:7 ; 13) : Israël est « discerné », mis à part, « choisi ».
   Rite de communion (Ex 12:8-11), ce repas est la nourriture constitutive d’une alliance, puisque participer à un même pain crée les liens de la communauté, de la fraternité. Le mot hébreu signifiant, ici, « alliance » (berit) dérive sans doute du verbe « manger en commun ».
   Rite de départ, enfin (Ex 12:11) : l’existence du peuple, issue d’une libération, devient mouvement, mise en marche.



Les pains sans levain (Ex 12:16-20)

   Primitivement fête agraire du commencement des moissons, liée dans le rituel de la Pâque à une antique fête des bédouins, celle-ci ne signifie-t-elle pas que ce dynamisme issu d’une libération s’oriente vers une plénitude, vers une terre promise ? dans le récit, ce nouveau rituel paraît suivre le premier : le rituel de l’agneau se situe entre le premier et le quatorzième jour du mois (Ex 12:3 ; 6), et le rituel des azymes dure sept jours (Ex 12:15), encadré par deux grandes assemblées du peuple (Ex 12:16).

   Le levain implique l’idée d’une corruption, il est le signe de l’oppression égyptienne. Les pains sans levain rappellent donc que le peuple (les pains) a été libéré de la servitude égyptienne. Ce décret imprescriptible, repris d’âge en âge (Ex 12:17) atteste que le peuple avance vers la terre de la promesse, et au-delà vers la plénitude de la liberté où aucun « levain de corruption », aucune servitude, n’aliéneront plus le peuple.

   Est-il toujours possible qu’au niveau de toutes les relations des hommes, ce « passage » soit tracé des aliénations aux libérations, du mensonge à la vérité, à travers l’offrande de l’amour, créateur de communautés vivantes et dynamiques ?



juin 1971




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