Sommaire
Préface
Quittez un monde bon
Vivre la foi dans le siècle
Présence de l’Église au monde
Église en dialogue avec le monde
Itinérance : une quête du sens
- Servitude et libération
. Accablement
. Conversion
. Mission
. Renommée
. Discernement
. L’agneau et le pain
. Communauté de destin
. Libérations
. Chemins de la liberté
. Dialectique historique
. Lutte finale
. Accomplissement
- Dieu contesté par Job
Croire au-delà des perplexités
En écoutant l’Alléluiah d’Hændel
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Libérations
Ce texte reprend des éléments précédemment mentionnés : les pains non levés, emportés hâtivement, le départ dans la nuit égyptienne. Les chiffres, de 430 années de séjour d’Israël en Égypte, ou de 600.000 hommes d’arme en Israël, sont une fiction. L’essentiel de ce texte est inspiré par le Code sacerdotal (Ex 12:43-49) qui établit, en rapport avec la Pâque, la situation de certaines catégories d’hommes liées à la vie du peuple d’Israël : l’étranger, le réfugié (Ex 12:43 ; 48), l’esclave ( Ex 12:44), l’hôte ( Ex 12:45), l’ouvrier à gages ( Ex 12:45). La Pâque est devenue une institution distinguant l’indigène et l’étranger, ou parfois les réunissant ( Ex 12:49). Parmi les étrangers au peuple d’Israël, la Pâque institue aussi un partage entre les circoncis et les incirconcis : la circoncision est devenue la condition à la communion avec Israël, elle est l’acte d’agrégation à la communauté libérée.
Ainsi, la communauté institutionnalisée préfigure et prophétise le monde réconcilié dans lequel on ne distinguera plus le juif et l’étranger, l’esclave et l’indigène. Elle annonce « la terre nouvelle et les cieux nouveaux où la justice habitera » ; « Toute l’assemblée d’Israël fera la Pâque » (Ex 12:47).
Témoin de la fin des séparations, la Pâque signifie donc la réconciliation cosmique où sera dépassée la distinction entre le croyant et l’incroyant, où les conditions d’aliénation sociale et économique auront pris fin, où la domination de l’homme supérieur ne s’exercera plus sur la femme soumise aux caprices et aux tyrannies du mâle, parce que la femme pleinement émancipée sera elle-même « avec » l’homme, à égalité de situation et de condition. Dès maintenant, dans le cheminement obscur de l’histoire humaine, ces signes du dynamisme libérateur de l’amour peuvent s’inscrire au sein de toutes les relations (Ga 3:26-28 ; Col 3:10-11).
L’évangile, aujourd’hui, inscrira ces signes libérateurs si la Pâque chrétienne manifeste effectivement la libération des étrangers, exilés de toutes conditions et dénominations, et des esclaves de tous milieux, en particulier des classes opprimées ; si les hommes cessent d’être des « mercenaires » vendant leur force de travail pour un salaire à d’autres hommes dont le profit est l’unique espoir ; si l’accueil et l’hospitalité se pratiquent entre les hommes, afin que la terre devienne habitable et fraternelle.
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