ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les poèmes d’amour
de  Dante  Alighieri




La dame-pierre :

je veux être âpre




Rime CIII

  Così nel mio parlar voglio esser aspro
com’è ne li atti questa bella petra,
la quale ognora impetra
maggior durezza e più natura cruda,
e veste sua persona d’un diaspro
tal, che per lui, o perch’ella s’arretra,
non esce di faretra
saetta che già mai la colga ignuda :
ed ella ancide, e non val ch’om si chiuda
né si dilunghi da’ colpi mortali,
che, com’avesser ali,
giungno altrui e spezzan ciascun’arme ;

ch’io non so da lei né posso atarme.

  Non trovo scudo ch’ella non mi spezzi
né loco che dal suo viso m’asconda ;
ché, come fior di fronda,
così de la mia mente tien la cima :
cotanto del mio mal per che si prezzi,
quanto legno di mar che non lieva onda ;
e ’l peso che m’affonda
è tal che non potrebbe adequar rima.
Ahi angoscia e dispietata lima
che sordamente la mia vita scemi,
perché non ti ritemi
sì di rodermi il core a scorza a scorza,
com’io di dire altrui chi ti dà forza ?

  Ché più mi triema il cor qualora io penso

di lei in parte ov’altri li occhi induca,
per tema non traluca
lo mio penser di fuor sì che si scopra,
ch’io non fo de la morte, che ogni senso
co li denti d’Amor già mi manduca ;
ciò è che ’l pensier bruca
la lor vertù sì che n’allenta l’opra.
E’ m’ha percosso in terra, e stammi sopra
con quella spada ond’elli ancise Dido,
Amore, a cui io grido
merzé chiamando, e umilmente il priego ;
ed el d’ogni merzé par messo al niego.

  Egli alza ad ora ad or la mano, e sfida
la debole mia vita, esto perverso,
che disteso a riverso
mi tiene in terra d’ogni guizzo stanco:
allor mi surgon ne la mente strida;
e ’l sangue, ch’è per le vene disperse,
fuggendo corre verso
lo cor, che ’l chiama; ond’io rimango
bianco.      
Elli mi fiede sotto il braccio manco
sì forte, che ’l dolor nel cor rimbalza :
allor dico : « S’elli alza
un’altra volta, Morte m’avrà chiuso
prima che ’l colpo sia disceso giuso ».

  Così vedess’io lui fender per mezzo
lo core a la crudele che ’l mio squatra!
poi non mi sarebb’atra
la morte, ov’io per sua belleza corro :
ché tanto dà nel sol quanto nel rezzo
questa scherana micidiale e latra.
Ohmè, perché non latra
per me, com’io per lei, nel caldo borro ?
ché tosto griderei: “Io vi soccorro”;
e fare’l volentier, sì come quelli
che ne’ Biondi capelli
ch’Amor per consuarmi increspa e dora
metterei mano, e piacere’le allora.

  S’io avessi le belle trecce prese,
che fatte son per me scudiscio e ferza,

pigliandole anzi terza,
con esse passerei vespero e squille :
e non sarei pietoso né cortese,
anzi farei com’orso quando scherza ;
e se Amor me ne sferza,
io mi vendicherei di più di mille.
Ancor ne li occhi, ond’escon la faville
che m’infiammano il cor, ch’io porto
anciso,        
guarderei presso e fiso,
per vendicar lo fuggir che mi face ;
e poi le renderei con amor pace.

  Canzon, vattene dritto a quella donna
che m’ha ferito il core e che m’invola
quello ond’io ho più gola,
e dàlle per lo cor d’una saetta,
ché bell’onor s’acquista in far vendetta.

  Donc dans mon dire je veux être âpre
Comme en effet est cette belle pierre,
Laquelle dans son cœur encore enserre
Une nature aussi dure que crue,
Revêtant sa personne de jaspe,
En sorte que, comme pierre,
D’elle nulle flèche ne se desserre
Qui puisse la saisir tout à fait nue.
Et elle tue cet homme
Sans qu’il s’éloigne des coups mortels
Qui, comme ayant des ailes,
Parviennent aux autres et brisent leurs
armes ;      
Personne ne trouvera qui la désarme.

  Pas d’écu que la belle ne dépèce,
Ni lieu qui nous cache d’elle au monde,
Car, comme fleur sur fronde,
Elle serre dans mon esprit la cime :
Autant est mon mal
Que navire dans la mer une légère onde.
Et le poids qui surabonde
Ne trouve autre poids qui l’arrime.
Oh douloureuse, impitoyable lime
Qui ma vie sourdement affines,
Pourquoi donc ne t’inclines
À ne pas me corroder pièce à pièce
Comme moi qui dis te donner force ?

  Mon cœur tremble plus encor quand je
pense        
À elle, dont le retard m’entoure,
Par crainte qu’on capture
Mes intimes pensées et qu’on découvre
Le mourir que je cache et que je sens,
Avec les dents d’Amour qui me triturent.
C’est que la pensée l’épure
De ses vertus, et son œuvre réprouve.
Il m’a jeté par terre et me réprouve,
Tirant l’épée avec laquelle Didon il tue.
Amour, contre ma vue :
Je l’appelle humblement et le prie,
Mais tout geste de pitié il me nie.

  Il soulève or la main, et il défie
Ma faible vie, ce seigneur si pervers ;
Et détendu à revers,
Il retient mon élan le plus franc
Tant que dans mon esprit soudain je crie.
Mon sang, se dispersant, coule à travers
Les veines et fuie vers
Le cœur, alors que moi je reste blanc

Il me blesse au-dessous du gauche flanc
Si fort que ma douleur rebondit
Alors, je dis : « S’il bondit
Une autre fois encore, mort m’enlève
Avant que, sans pitié, son coup m’achève.

  Si je pouvais le voir fendre le cœur
De celle qui le mien tant écartèle,
Je ne dirais pas que cruelle
Est la mort, où par sa beauté je cours.
Car aussi bien au milieu qu’alentours
Frappe cette voleuse et criminelle.
Oh pourquoi ne m’appelle-t-elle,
Comme moi je la clame dans ce four ?
Car tôt je crierai : « Je vous secours » :
Je le ferai de bon cœur comme ceux
Qui dans les blonds cheveux
Qu’Amour, pour les finir, ondule et dore
Mettent leurs mains : je pleurerai alors.

  Si j’avais pris les belles et blondes tresses
Qui ne sont pour moi que fouets et
cravaches,
Je ne serais sans doute qu’un bravache
Du matin jusqu’à ce que la cloche oscille
Le soir. Je n’aurais pas de politesse
Et je serais un ours qui se relâche.
Et si Amour ne me cravache
Je prendrai la revanche plus que mille,
Et sur les yeux, d’où sortent escarbilles
Qui enflamment le cœur blessé à mort,

Je mirerai très fort
Pour me venger de celle qui fait fuir…
Après, lui rendrai la paix par plaisir.

  Chanson, va sans détour chez cette dame
Qui m’a blessé le cœur et qui me vole
Ce dont je plus raffole,
Et jette dans son cœur une belle flèche,
Car par vengeance l’honneur se repêche.


Sommaire
Avertissement au lecteur
Capoversi
Premiers vers

Introduction

Aux fidèles d’Amour

Les soixante belles de Florence

Béatrice, dame du secret d’Amour

La dame gentille

Béatrice refuse de saluer Dante

De l’amour à la louange

Lamentations sur la maladie de Béatrice

Mort et glorification

La dame gentille

La Pargoletta

Le refus de la dame gentille

La dame-pierre
- Amour, puisqu'il
  convient
- Au point du zodiaque
- Au petit jour
- Amour, tu vois très
  bien
- Je veux être âpre



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Sans commentaire.




c 1977




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