La division par cent et par cinquante
et l’organisation institutionnelle de l’Église :
Ancien testament
Le récit du
Deutéronome (
Dt 1:9-15) se rapporte à celui de l’
Exode (
Ex 18:17-25), avec l’intention cependant non de le reprendre tel qu’il est, mais de l’interpréter à partir d’un autre présupposé. En effet, dans
l’
Exode, l’institution des
juges revient à
Jethro, beau-père de
Moïse (
Ex 18:17), tandis que dans le
Deutéronome ce personnage disparaît et l’institution revient à
Moïse lui-même (
Dt 1:9). Le premier récit est donc soumis à une censure, de sorte que la structure en est modifiée.
Dans a name="tcaa">l’
Exode, les moments de l’épisode sont les suivants :
1 – Critique de
Jethro à l’égard de
Moïse, puisque
s’il continue à exercer le double rôle de
prophète et de
juge,
il ruinera sa santé et compromettra aussi la justice du
peuple (
Ex 18:18) ;
2 – Son conseil, qui est de réserver la tâche prophétique à
Moïse et de confier l’office de jugement à des hommes choisis parmi le
peuple (
Ex 18:20-22);
3 – Consentement de
Moïse au conseil de
son beau-père (
Ex 18:24);
4 – Choix des
juges et leur établissement comme chefs de mille, cent, cinquante et dix personnes (
Ex 18:25)
Dans le
Deutéronome la personne de
Jethro disparaît et
Moïse devient le seul responsable de cette institution. Les raisons de ce changement apparaissent dans l’extraordinaire croissance du
peuple qui, selon la promesse, sera encore destiné à être multiplié par mille. D’où :
1 – La prise de conscience par
Moïse de l’impossibilité de gouverner seul et de la nécessité d’un partage des tâches (
Dt 1:9-12);
2 – La détermination d’élire des hommes aptes à guider et juger le
peuple (
Dt 1:13);
3 – Le consentement du
peuple à cette proposition, au lieu du consentement de
Moïse à
Jethro (
Dt 1:14);
4 – Le choix des hommes aptes à juger et leur établissement comme conducteurs et chefs de mille, de cent, de cinquante et de dix personnes (
Dt 1:15).
L’intérêt de ces textes repose sur le rapport existant entre croissance du
peuple et nécessité de son organisation. Celle-ci comporte une division du
peuple et la constitution des chefs, qui apparaissent dans le premier texte comme
juges et, dans le second, comme
juges et conducteurs. Quant à la division, elle est appropriée à un peuple en marche. Son origine est, selon toute probabilité, militaire, comme celle des noms de «
xiliarcos », de «
ecatarcos », etc. le confirme. Mais rien n’empêche que cette organisation remonte très loin dans l’histoire, trouvant ses racines dans l’organisation tribale.