ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Les récits de la naissance de Jésus





Lecture du récit de Luc :

Il y avait un homme appelé Syméon


Sommaire

GENÈSE ET MÉTHODE D’APPROCHE DES RÉCITS

LECTURE DU RÉCIT DE MATTHIEU

LECTURE DU RÉCIT DE LUC
L’annonce faite à Marie
La visite à Élisabeth
Le recensement
Couché dans une crèche
Les bergers
Le nom de Jésus
La purification
Un homme appelé Syméon
- Introduction
- L’errance de Marie
- Syméon sans contexte
- Marie, Judith et Dina
- Syméon peut mourir
Le signe de la contradiction
L’épée
Anne la prophétesse
Marie gardait ces paroles

CONCLUSION



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

Luc détache Syméon de tout contexte



   Avec raison, Luc détache son personnage de toute relation avec un contexte concret et déterminé, puisqu’il couvre tous les âges de l’histoire biblique. N’ayant pour fonction que de personnifier la perspective messianique, Syméon n’a pas, à proprement parler, une « âme », c’est-à-dire une conscience d’homme. En effet, de même qu’il n’est « poussé (que) par l’Esprit saint » (Lc 2:27), de même il ne vit que parce que l’Esprit habite en lui. Sa personnalité marque l’aboutissement d’un processus de réduction de toutes les figures bibliques au rôle prophétique qu’elles possèdent en commun. Quoique les prophètes soient des hommes (antropoi), ils ne vivent, ne parlent et n’agissent que par l’Esprit de Dieu.

   Examinons de près les paroles qui en déterminent la conscience : « Il lui avait été révélé par le Saint Esprit qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur » (Lc 2:26).
   La forme principale du verbe (kecrematismenon) montre bien qu’il s’agit moins d’un homme auquel l’Esprit aurait confié la révélation de la venue du Christ que d’un personnage qui incarne, personnifie, cette révélation. Il est l’attente de la vision du Sauveur, c’est pourquoi les limites de son existence sont fixées par la vision du Christ : au moment où il verra le Christ, il mourra et, dans la mesure où il ne verra le Christ qu’à sa rencontre avec la mort, on peut dire aussi qu’il vit en aveugle.
   Luc a voulu mettre en relief cette opposition entre la vie et la mort, la cécité et la vision, par le double emploi du verbe « voir » : il ne verra sa mort que lorsqu’il verra le Christ. Sa vie est une existence pour la mort, puisque c’est une existence pour les autres. Il vit tant que la parole, n’étant pas accomplie, n’est pas non plus visible. Son être-là n’a d’autre fonction que de substituer ce manque d’accomplissement et de visibilité de l’événement, mais lorsque l’événement arrive, il devient apte à voir, il cesse d’avoir sa propre existence, justement parce que les autres peuvent voir.
   Luc aurait certainement voulu que ce recouvrement de la vue et cette mort soient supportés par le peuple réel du temps historique de Jésus, mais ce peuple restait aveugle et, puisque la prophétie qu’il annonçait et qu’il incarnait dans sa propre existence s’était accomplie, elle devenait caduque et fausse dans la mesure où elle prétendait encore être à s’accomplir. C’est alors que la création du personnage de Syméon prend une valeur eschatologique, anticipation prophétique de la conversion finale du peuple juif à l’évangile.

   Syméon vient au temple au moment où Jésus est consacré à Dieu en tant que premier-né. Il est poussé par le même Esprit Saint qui était venu sur Marie pour qu’elle soit mère du Christ : la parole prophétique vient à la rencontre de l’événement pour s’accomplir en lui, l’événement s’éclaire en s’inscrivant dans la parole.
   « Il le reçut dans ses bras » (Lc 2:28) : Jésus ne reste donc pas exposé dans la crèche, il est « reçu » et donc adopté, mais au niveau eschatologique, par le peuple tout entier, qui devient son véritable père adoptif. Exégétiquement, il convient de souligner le sens du mot « agkalas », qui ne signifie pas simplement « bras », mais « bras ouverts », en forme d’un creux qui s’offre comme le véritable berceau de l’enfant, en remplacement de la crèche.



1982




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