ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le profil de Jésus, le nouvel Élie :

L’opinion des contemporains sur la personnalité prophétique de Jésus



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours

Jésus, le nouvel Élie
- Introduction
- Jean Baptiste et Élie
- Jésus et Malachie
- Jésus, le messager
- Jésus et Élie
- Opinions contemporaines
- Résumé

Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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   Nous trouvons dans les évangiles quelques témoignages sur l’opinion de ses contemporains au sujet de la personnalité prophétique de Jésus. Ceux-ci confirment globalement l’image que je viens d’esquisser.

   Le premier passage semble se rapporter à la fin de la mission d’évangélisation en Galilée. Marc y fait allusion pour mettre en relief la continuité prophétique ressentie par le peuple entre Jésus et le Baptiste : il en parle dans le chapitre où il relate la mort de ce dernier. Venant au terme de cette grande période d’activité et de prédication de Jésus, cette référence à l’opinion populaire sert de prétexte à l’évangéliste comme support à l’image qu’il avait donnée de Jésus : « d’autres disaient : c’est Élie. Et d’autres disaient : c’est un prophète comme l’un des prophètes » (Mc 6:15).
   Ce passage met en évidence que le peuple voyait en lui un prophète sur le type d’Élie. Il s’agissait cependant moins du prophète eschatologique de Malachie que de l’Élie historique, dans la mesure où Jésus ne se contentait pas, comme les prophètes, d’annoncer la parole, mais où il cherchait, comme Élie, à l’accompagner de signes, c’est-à-dire de prodiges, de guérisons et de miracles(1). Jésus ne parlait pas comme les scribes, qui se fondaient sur la tradition, mais avec « autorité », c’est-à-dire en s’appuyant sur le prestige de sa propre personnalité et sur les miracles qui l’accréditaient au nom de Dieu.

   Le second témoignage, presque identique, est en Mc 8:27-28 : Jésus se trouvait à Césarée de Philippe, dans cette période que j’appelle de « diaspora » où, banni de sa patrie, il était de nouveau en quête de lui-même. C’est lui qui interroge ses disciples à son propre sujet : « Qui dit-on que je suis ? Et les disciples répondirent : Jean-Baptiste ; les autres : Élie ; les autres : un des prophètes ».
   À partir de ces témoignages, on peut affirmer que Jésus se comportait comme un prophète, et en outre qu’il faisait penser à Jean-Baptiste et à Élie. Au premier, parce qu’il en prenait la relève et qu’il gardait de lui des tournures de langage ainsi, peut-être, que le réseau de références bibliques qui constituait la base de sa doctrine ; au second parce qu’il en avait imité l’allure prophétique et surtout le message du jugement, comme j’ai cherché à le montrer dans les pages précédentes.

   Un autre passage s’impose à notre attention. Marc affirme qu’avant d’expirer, Jésus s’écria d’une voix forte : « Eloï, Eloï, lamma sabachthani » ce qui signifie, ajoute-t-il : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné » (Mc 15:34). Jésus aurait donc récité le premier verset du Psaume 22, exprimant ainsi sa profonde angoisse.
   Quel que soit le sens de ces paroles, ce qui est important pour nous c’est que l’évangéliste ait rapporté l’interprétation qu’en donnèrent les spectateurs : « quelques-uns de ceux qui étaient là, l’ayant entendu, dirent : voici, il appelle Élie, laissez, voyons si Élie viendra le descendre » (Mc 15:35-36). Il semble donc que, ne connaissant pas l’hébreu, les gens n’ont pu saisir de ces paroles que le mot « Éli » ou « Éloï », l’interprétant comme désignant Élie le prophète, et non Dieu. Mais ces gens auraient-ils pensé à Élie sans connaître son existence et sans savoir que Jésus espérait être emporté par lui dans le tourbillon de son esprit ?
   Il se peut aussi que les gens aient bien compris et que Jésus n’ait pas proféré les paroles du Psaume 22, introduites par la censure de l’Église, mais une plainte à l’adresse d’Élie qui ne venait pas le sauver.
   Mais ces paroles sont trop importantes pour être déjà analysées au commencement de la vie prophétique de Jésus, alors qu’elles marquent sa fin comme prophète et comme homme et contiennent l’énigme de son existence.

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(1) Ac 2:22 ; Mc 1:22 ; 2:10 ; 6:2 ; 11:23 ; Mt 7:29 ; 21:27 ; Lc 4:32 ; 19:19.   Retour au texte




1984




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