Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
- Introduction
- Tableau des textes
- Cohérence du discours
- Doutes sur l’attribution
- Attribution à Jésus
- Les logia du discours
- Vérification
- Résumé
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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Nous laisserons Jésus à sa retraite pour porter notre attention sur le discours qu’il a dû prononcer pour mériter, selon la logique de l’anti-texte, une peine de malédiction et d’excommunication. Cette recherche, cependant, se heurte au silence des évangélistes et surtout de Marc qui, comme je l’ai dit, non seulement ne fait aucune allusion au discours mais présente Jésus plutôt comme objet que comme sujet de parole.
Une voie demeure cependant ouverte si, toujours soupçonneux à l’égard des évangiles à cause de leur caractère rhétorique de défense, nous estimons que leurs auteurs ont opéré sur ce discours une censure par le truchement d’un alibi ou d’un alias, comportement tout à fait cohérent avec leur méthode d’approche habituelle des sources d’information.
En suivant leur dialectique de défense, nous pouvons penser qu’ils l’ont tout simplement omis, ou qu’ils l’ont fragmenté pour en disperser des bribes tout au long du récit évangélique, ou encore que, dans un but de rétorsion polémique, ils l’ont mis dans la bouche de Jean qui, dans l’anti-texte, joue le rôle d’accusateur. La première de ces hypothèses est rarement vérifiée, alors que les deux autres le sont fréquemment. En ce qui concerne la deuxième, il suffit de parcourir l’ensemble du message de Jésus pour voir s’il contient des éléments conformes à ce discours, mais comment pourrait-on reconnaître ces bribes, si on ne connaît pas le discours ? Il convient alors de voir si les évangiles attribuent à un personnage du récit un discours qui ne lui convient pas mais correspond par contre au style et au message de Jésus, or ce personnage ne peut être que Jean.
L’hypothèse paraît d’autant plus fondée et pertinente que Marc a déjà détourné l’intention de ses adversaires : ceux-ci faisaient de Jean le témoin principal de l’accusation, il en fait le témoin de la défense. En effet, il a d’abord attribué à Jésus la vision de Jean après l’avoir transformée en théophanie de bénédiction, puis il a mis dans la bouche de Jean un témoignage du messianisme de Jésus. Pourquoi n’aurait-il pas poussé ce renversement dialectique jusqu’à attribuer à Jean un discours de Jésus que les juifs avaient considéré comme le chef principal de leur accusation ? L’alibi alors aurait été parfait : non seulement Jésus n’aurait pas prononcé de discours scandaleux, mais le discours que ses accusateurs lui prêtaient aurait été prononcé par leur propre témoin !
Or, en parcourant les évangiles, on constate que Jean prononce un discours. Serait-ce alors ce discours qui revient à Jésus ? La réponse à cette question passe par la démarche suivante : après avoir présenté un synopsis des textes, je me propose de cerner la cohérence interne de ce discours pour déterminer s’il revient à Jean ou à Jésus.
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