Sur les bords du Jourdain

   S’il n’est pas de Jean, le discours ne peut être attribué qu’à Jésus. Cette conclusion ne serait cependant pas rigoureusement logique si le récit des évangiles n’était pas polémique et s’il ne visait pas à infirmer une accusation portée contre Jésus, accusation dont le témoignage de Jean aurait été le fondement.
   J’ai affirmé dans le prologue de ce chapitre que, dans cette procédure de défense, Marc a souvent employé la méthode de rétorsion, en faisant retomber l’accusations qu’ils avaient portée sur les témoins de l’accusation. Dans ce contexte, le fait que les récits évangéliques attribuent à Jean, témoin présumé de l’accusation, un discours qui ne peut pas être de lui puisqu’il va à l’encontre de sa personnalité et de son message, est l’indice qu’il s’agit d’une mesure de rétorsion polémique. L’accusation ayant fait grief à Jésus d’avoir prononcé un discours scandaleux, la défense l’aurait disculpé en mettant le discours incriminé, après quelques retouches, dans la bouche de Jean.
   Mais nous n’en sommes encore qu’au stade des indices qui justifient l’hypothèse, sans encore la vérifier. Pour parvenir à cette vérification, il faut montrer que le discours attribué à Jean revient vraiment à Jésus.

   Je poursuivrai cette recherche après avoir exposé le parallélisme entre les thèmes de ce discours et le message de Jésus.