Sommaire
Prologue
La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
- Introduction
- Tableau des textes
- Cohérence du discours
- Doutes sur l’attribution
. Appel à la repentance
. Préceptes moraux
. Confession messianique
- Attribution à Jésus
- Les logia du discours
- Vérification
- Résumé
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte
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La confession messianique
Jean aurait témoigné du messianisme de Jésus d’une façon aussi directe que convaincante, en lui soumettant sa propre personne prophétique et en subordonnant son baptême d’eau au baptême de feu qu’il introduisait. Or, comme je l’ai dit à plusieurs reprises, mettre ce témoignage dans la bouche de Jean serait à la fois anachronique et en contradiction avec le message du Baptiste.
La subordination de la personne de Jean à celle de Jésus n’est qu’une interprétation messianique du premier énoncé de l’oracle de Malachie, que Marc place en exergue de sa péricope ( Mc 1:1-3) dans le but d’insérer la mission de Jean dans le sillage de l’évangile.
La phrase suppose en effet qu’une controverse se soit ouverte entre les disciples de Jean et ceux de Jésus au sujet de la supériorité de leurs maîtres respectifs. Pour les baptistes Jean était plus « fort » que Jésus, dans la mesure où celui-ci venait après lui. Pour les disciples de Jésus, au contraire, le plus « fort » était leur maître puisque, selon la prophétie de Malachie, Jean ne venait avant lui que comme messager envoyé par Dieu pour lui préparer le chemin.
Il s’agit donc d’une affirmation polémique, dont la force de persuasion est basée sur l’oracle de Malachie « j’envoie mon messager devant ma face » (Ml 3:1). Jésus serait cette « face », cette personne messianique que Jean aurait précédée comme serviteur. Or cette interprétation n’est possible qu’au sein d’une Église confessante et serait anachronique et tout à fait absurde dans la bouche de Jean.
L’énoncé concernant la subordination du baptême d’eau au baptême de feu ou d’Esprit (Mc 1:8) suppose, au moins en ce qui concerne la connotation du mot « Esprit », une élaboration christologique liée au problème que posait à l’Église la pratique du baptême. Où était en effet la nouveauté spécifique de l’Église, si le rite d’initiation à ses mystères ne différait pas du baptême de Jean ? La dichotomie entre le « baptême d’eau », visant à la repentance, et le « baptême d’Esprit », permettant la rémission des péchés, répondait à ce problème. Dès lors, il n’est pas possible d’affirmer que Jean a prononcé ces mots, au moins tels qu’ils sont exprimés dans le texte.
Cette confession christologique semble aussi en contradiction avec le message de Jean, qui ne suppose pas de médiateur entre Dieu et le peuple. Jean aurait-il pu appeler le peuple au baptême pour la rémission des péchés et, une fois les repentants venus, oublier son engagement pour subordonner son autorité à celle d’un envoyé supérieur, et discréditer ainsi son propre baptême par rapport à celui de ce nouvel envoyé ? Sur quoi aurait-il fondé sa propre crédibilité ? Il aurait fallu au moins qu’un signe de cet événement nouveau fut donné, soit par lui-même soit par celui auquel il rendait témoignage, or il n’en fut rien.
Ainsi, s’abaissant lui-même et ne pouvant pas octroyer de signe, Jean aurait perdu toute crédibilité, laissant ceux qui avaient répondu à son appel dans le doute et la déception.
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