ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Recherche sur le discours de Jésus :

doutes sur l’attribution du discours à Jean-Baptiste



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême

Recherche sur le discours
- Introduction
- Tableau des textes
- Cohérence du discours
- Doutes sur l’attribution
  . Appel à la repentance
  . Préceptes moraux
  . Confession messianique
- Attribution à Jésus
- Les logia du discours
- Vérification
- Résumé

Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie
Procès d’excommunication
Le délire et le désert
Des événements au texte



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Les préceptes moraux


   Cette péricope, qu’on trouve seulement chez Luc (3:10-14), est moins une partie du discours qu’un dialogue destiné à unir deux de ses parties. Jean donne aux gens des préceptes précis quant à leur comportement à la suite de leur engagement par le baptême. Dans le cadre de cohérence du récit, ces préceptes correspondent aux fruits dignes de repentance.
   Le premier de ces préceptes est général, les autres s’adressent à deux groupes sociaux – les collecteurs de péages et les soldats – et relèvent d’une éthique professionnelle. Le premier ordonne à tous le partage de leurs biens avec les pauvres, mais dans la mesure où ces biens sont la nourriture et la tunique et non pas les richesses, on peut penser qu’il s’agit d’un précepte adressé à une société de pauvres, appelant les moins indigents à partager leur nourriture et leurs vêtements avec ceux qui le sont plus. Quant aux préceptes d’éthique professionnelle, ils se limitent à un engagement de justice, imposant aux péagers de ne pas demander plus que le taux fixé, et aux militaires de se contenter de leur solde et de ne pas s’adonner à l’extorsion.

   Ces préceptes s’inscrivent bien dans le cadre d’une perspective d’éthique personnelle, sans remettre en question la situation politique et économique de la société, ni la tradition religieuse. Il est étonnant en effet que Jean ne fasse pas allusion au culte, et qu’il puisse donner des conseils à des péagers et des soldats sans contester leur profession même, alors que la tradition juive les situait à la limite du péché.
   Quoi qu’il en soit, ces préceptes peuvent bien être attribués à Jean, si on a de lui une image conforme à celle de l’historien Josèphe, qui le considère comme un philosophe n’ayant d’autre souci que le rétablissement de la conscience morale du peuple(1). D’ailleurs la mort de Jean elle aussi s’inscrit dans ce cadre puisque, selon le même historien, il aurait été condamné par Hérode moins pour avoir contesté sa royauté ou le pouvoir politique des romains que pour son autorité auprès du peuple(2).
   Il se pourrait cependant que Luc ait voulu garder cette image du Baptiste dans le but d’occulter un éventuel caractère politique du message de Jean.

   Mais quelle que soit l’interprétation de ces préceptes, il demeure qu’ils ne sont pas adéquats à la première partie du discours. Annoncer un jugement terrible de Dieu, associé à un signe nouveau de purification, pour se borner à donner des préceptes de morale traditionnelle, paraît pour le moins décevant.
   L’opposition entre les deux textes apparaît aussi dans le caractère du message : dans le premier, Jean se manifeste comme un prophète dur et accusateur contre les repentants, dans le second par contre, quoique précis et exigeant, il se révèle un moraliste courtois, respectueux aussi bien des personnes que du contexte social et politique. Cette contradiction confirme que la première partie du discours ne peut pas être attribuée à Jean, même si la seconde a des chances de lui revenir.

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(1) « C’était un homme de bien, qui recommandait aux juifs la pratique de la vertu, qui les exhortait à être justes entre eux et pieux envers Dieu et qui leur conseillait de venir en foule à son baptême » (Flavius Josèphe, loc. cit.).   Retour au texte

(2) « Ainsi, comme une grande quantité de peuple le suivait pour écouter sa doctrine, Hérode, craignant que le pouvoir qu’il aurait excitât quelque sédition… crut devoir prévenir ce mal pour n’avoir pas à se repentir d’avoir attendu » (Flavius Josèphe, loc. cit.).   Retour au texte




1984




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