ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris


Sur les bords du Jourdain

(Mc 1:1-13)




Le procès d’excommunication :

la condamnation



Sommaire
Prologue

La méthode
Le bâtard
De Nazareth au Jourdain
La crise spirituelle
La pratique du baptême
Recherche sur le discours
Le corpus du discours
Analyse du discours
Genèse du discours
Jésus, le nouvel Élie

Procès d’excommunication
- Introduction
- Le procès
- L’accusation
- La condamnation
   . Introduction
   . Le cadre juridique
   . La légitimité
- L’arbitrage du Baptiste
- Résumé

Le délire et le désert
Des événements au texte



. . . . . . . . - o 0 o - . . . . . . . .

La peine d’excommunication


   Il s’agit avant tout d’une expulsion de Jésus loin du lieu où il était. Par le mot « chassé », la peine est déterminée négativement, comme privation des privilèges dont Jésus jouissait au Jourdain.
   Ce lieu était en un certain sens rendu sacré par l’annonce de la parole et la pratique du baptême, en en étant éloigné, Jésus était écarté de la manifestation divine, et donc du pardon des péchés et de l’espérance du salut ; il n’était plus un pécheur comme les autres, mais un pécheur auquel Dieu ne faisait plus miséricorde, un homme maudit.
   Mais cet endroit était aussi un lieu de rassemblement populaire, symbole des tribus d’Israël appelées à s’unir dans une nouvelle marche vers la terre promise, selon les promesses de Dieu, rassemblement qui prenait la portée d’une nouvelle naissance du peuple, pour l’accomplissement de son histoire dans le règne de Dieu. Expulsé de ce lieu, Jésus était aussi rejeté par le peuple, comme élément étranger à la lignée des fils d’Abraham.
   Cet endroit était enfin le lieu de la communauté des baptistes, dont Jésus était membre. Il en était chassé car il avait rompu les engagements pris lors de son initiation.

   La détermination de la peine, « dans le désert », la caractérise positivement. Une remarque vient ici à l’esprit : même si Jésus était chassé dans le désert, qui pouvait l’empêcher de s’enfuir ? Ne pouvait-il prendre le chemin du retour vers Nazareth ? Il le pouvait, certes, mais étant déclaré coupable, il se sentait tenu de subir la peine, autant que la communauté de la lui infliger. Transgresseur de la loi, le pécheur ne pouvait se réconcilier avec elle qu’en subissant la peine, même si elle impliquait sa mort.
   Mais il faut aussi tenir compte du lieu et des coutumes : la relégation dans le désert était accompagnée de l’obligation pour chaque membre de la communauté de refuser toute aide au condamné, il s’agissait donc d’un désert moral autant que géographique. On peut affirmer que la punition visait à ce que le condamné ne puisse vivre que comme une bête sauvage, contraint à chercher seul nourriture et eau et à se protéger contre les intempéries et l’agressivité des animaux, là où précisément il n’y avait ni eau, ni nourriture, ni moyens de protection.
   Un texte de Josèphe sur les excommuniés des communautés du désert est éclairant à cet égard : « Ceux qui sont pris sur le fait en des fautes graves, ils les chassent de l’ordre. L’individu ainsi exclu périt souvent en proie au plus misérable destin, car enchaîné par ses serments et ses usages, il ne peut même pas prendre part à la nourriture des autres : réduit à manger de l’herbe il périt, le corps desséché par la faim… »(1).

   La peine subie par Jésus étant la même, ce texte nous permet d’affirmer qu’il s’agissait d’une peine d’excommunication, par laquelle le coupable était frappé d’interdit. Dès lors, on comprend pourquoi les auteurs du document juif ont décrit cette peine sur le modèle de la malédiction et de la possession par Satan. Le coupable n’était pas, à proprement parler, condamné à mort, mais livré à un combat face à la mort. Ayant prétendu exister en défiant Dieu, le pécheur était abandonné à lui-même, loin de la communion entre les hommes, dans une terre où il n’y avait rien et où il ne pouvait exister sans l’aide miraculeuse de Dieu.
   Quant à Jésus, ayant lancé la malédiction de Dieu contre sa génération, il était lui-même mis à l’épreuve de cette malédiction.

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(1) Flavius Josèphe, A. Jud., 8,143.   Retour au texte




1984




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