ANALYSE  RÉFÉRENTIELLE
ET  ARCHÉOLOGIQUE


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Ennio Floris



Autobiographie








De jardin en cimetière

Les figues



P. Danet : Magnum dictionarium latinum et gallicum, MDXCI 



EN SARDAIGNE :

Dans un jardin en Éden

La grammaire latine

Iaiou

Œil de bœuf

De jardin en cimetière
- Au jardin
- Les figues
- La poupée
- Les chatons
- Le bon docteur

Le sacrifice de ma mère

Enfant de chœur

Homo homini lupus

Revendication et pardon

La confession des péchés

Dans la contradiction
d’une crise


Le Père Olivi, à son retour


LE DÉPART



L’ITALIE



PUIS LA FRANCE



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’étaient des fruits dont j’étais gourmand. Je cueillais de préférence celles de l’espèce « martiniedda », dans un arbre qui montait sur le jardin en s’élevant de l’orto (le jardin potager). Je connaissais bien l’ar­bre, et je le surveillais de près tout au long du mu­ris­sement, par crainte des dégâts que les moineaux au­raient pu leur infliger.

    Un jour, le jardinier me dit « Ho ! Ennio, saches que les figues ne sont pas à toi ! » « Non ? Je ne cueil­le cependant que celles qui poussent sur les branches qui donnent sur " mon " jardin. » « Mais ces branches aussi sont à moi », me répond-t-il brus­quement. « Hé bien, puisqu’elles se répandent dans mon jardin, je les couperai, pour ne pas m’ap­pro­prier ce qui n’est pas à moi. Ou, si vous voulez, pour empêcher que ce qui n’est pas à moi pousse sur mon terrain et abuse de mon soleil. » Il s’éloigna indigné en murmurant : « Malheur à toi ! »
    Dès lors, de temps en temps, je le suivais du haut du jardin. Un jour, en regardant sa lolla, je vois qu’il avait dans ses mains un rat vivant, et le tue d’une vio­lente morsure de ses dents. J’en ai eu un tel dé­goût que j’ai couru à la maison en criant : « Ma­man, maman, Zio Antonio n’est pas tout à fait un homme ! Il a tué un rat (merdona) avec sa bouche, en le mor­dant comme un chien. Ce n’est pas un homme com­me les autres, mais un homme-bête ! Il me fait peur ! » « Tu n’as pas besoin de regarder ce qu’il fait. Occupe-toi de tes oignons ! » Mais je re­mar­quais sur ses lèvres une grimace qui manifestait bien son dégoût ! Elle m’avait bien compris.

    Quelques jours après, le fils de Zio Antonio, dont j’étais ami, vint chez moi, mais je ne lui ai rien dit sur la « merdona » tuée par son père à coups de dents. C’est lui, par contre, qui me dit : « Ennio, fais attention, car mon père a mis dans certaines figues un liquide qui donne la diarrhée ». « Merci beau­coup, tu es un vrai ami. Mais tu sais, à mon dernier regard sur l’arbre j’avais remarqué que des figues très mures n’avaient pas été touchées par les oi­seaux. Ils ont été gentils avec moi ! »
    Mon ami parti, j’ai cueilli une de ces figues et, en voyant son père dans sa lolla, je la lui offre du haut du jardin, en lui disant : « Zio Antonio, j’ai trouvé cet­te figue très mure et j’ai pensé à vous l’offrir. » En baissant la tête, il me répond en grommelant : « Met­tila in culo ! » Je me mis à rire en pensant que, pour lui répondre sur le même ton, j’aurais dû la je­ter dans le sien ! Peut-être a-t-il craint que je le fas­se, car il a accéléré le pas. Mais il n’a plus osé se plain­dre des figues que je cueillais dans son arbre !




Rédigé de 2009 à 2012




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t502520 : 01/12/2020